Comment les ports ont lancé leur transition environnementale
Sur mer, mais aussi sur terre, la décarbonation du secteur maritime est en marche. Même si les autorités publiques doivent encore inscrire leurs pas dans ceux des opérateurs privés.
Sur mer et sur terre, la logistique maritime fait sa transition verte
Contraint par l’Organisation maritime internationale (OMI) de présenter un bilan carbone neutre en 2050, le secteur a mis le cap sur sa transition énergétique. Une véritable révolution, qui aura aussi des conséquences sur le commerce mondial.
Fidèles aux injonctions de l’Organisation maritime internationale (OMI), l’ensemble des opérateurs du transport maritime ont bien entamé leur révolution verte, sur mer, dans la foulée des armateurs, ainsi que sur terre, par l’intermédiaire des principaux concessionnaires portuaires. Si, selon de nombreux observateurs, les autorités publiques « ont jusqu’à présent plus de mal à se saisir de la problématique », notamment en Afrique, les principaux acteurs du secteur n’ont pas cette pudeur. Conscients des enjeux tant environnementaux qu’économiques, ils ont préféré anticiper – depuis plusieurs années pour certains – plutôt que de se voir contraints et forcés de monter une marche qui, au fil du temps, deviendra de plus en plus haute et donc difficile à gravir.
Présent aujourd’hui sur 22 terminaux dans 49 pays à travers le monde, Africa Global Logistique (AGL) n’a pas attendu de rentrer dans le giron de l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), officiellement en mars 2023, pour passer à l’action. L’opérateur de Puteaux, dans la région parisienne, en France, à l’époque Bolloré Africa Logistics (BAL), a en effet commencé à réfléchir à sa propre démarche environnementale en 2018, pour lancer son label, intitulé Green Terminal, un peu moins de trois ans plus tard. Dans la foulée, les installations portuaires de Meridian Port Services (MPS) à Tema, au Ghana, ont commencé à passer au vert, inaugurant un mouvement qui concerne aujourd’hui 12 terminaux, le dernier en date étant celui de Timor Ports, au Timor-Leste.
Et puisque, pour reprendre l’expression d’Olivier de Noray, directeur général des ports et terminaux chez AGL, « il ne s’agit pas de tout peindre en vert pour verdir les terminaux », l’opérateur s’est appuyé dès le début du programme sur le savoir-faire en la matière de Bureau Veritas pour définir avec lui le référentiel à mettre en place afin de mieux le crédibiliser. Le label Green Terminal s’appuie sur huit piliers fondamentaux qui vont du système de management environnemental à la formation des équipes aux bonnes pratiques, en passant par la construction d’infrastructures conformes aux standards internationaux, l’achat d’équipements respectueux des normes environnementales, le traitement des déchets ou encore le contrôle de l’eau et de l’air.
Adoption du label Green Terminal
En quelques années, l’adoption du label Green Terminal a permis de diminuer significativement l’empreinte carbone des activités portuaires d’AGL. Malgré les travaux d’extension réalisés entre 2020 et 2022, MPS a réussi en trois ans à réduire de plus de 8 % ses volumes d’émission de gaz à effet de serre. En moyenne, sur l’ensemble de son activité « terminaux portuaires », AGL a vu ses émissions passer à 19,77 kg de CO2 par équivalents vingt pieds (EVP) en 2023, contre 20,18 kg un an plus tôt, soit une réduction de près de 15 000 tonnes en douze mois, correspondant à une baisse de 12 % des volumes de gaz émis.
Aujourd’hui, tous les terminaux labellisés chez AGL ne sont pas au même niveau de certification. « Il est évidemment plus facile de partir d’un terminal Greenfield que d’installations déjà existantes », explique Olivier de Noray, notamment en matière d’investissements. Inauguré fin 2022 à Abidjan, Côte d’Ivoire Terminal (CIT) obtient ainsi trois étoiles, quand son équivalent ghanéen de MPS n’en compte encore que deux. À terme, « tous les terminaux aujourd’hui encore à des paliers intermédiaires seront amenés au niveau de certification le plus élevé », assure le directeur-général de l’opérateur.
Reste à espérer que les autorités portuaires jouent également leur partition pour accompagner les changements en cours, et ce, dès le démarrage des projets, en introduisant, par exemple, des critères environnementaux dans les appels d’offres. « Les ports n’ont de toute façon pas d’autre choix que de se mettre au niveau, ne serait-ce que pour assurer l’avitaillement des navires en carburants alternatifs », rappelle-t-on à la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced). L’OMI cherche de son côté à développer, avant de le généraliser à plus long terme, le branchement électrique des navires à quai, « comme cela est déjà le cas depuis de nombreuses décennies pour les bâtiments militaires », précise un expert international du secteur. Toutefois, les escales des navires marchands étant de plus en plus courtes, une telle possibilité, bien que techniquement réalisable, ne semble pas forcément justifiée pour les responsables portuaires. L’adoption de normes en cours de définition devrait néanmoins permettre un changement de paradigme, poussant les ports à passer à l’action afin qu’ils tiennent à leur tour toute leur place dans la décarbonation en marche du secteur.
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