Kenya: l’ONU demande une enquête sur l’exécution de deux membres d’une ONG

Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, a réclamé une enquête indépendante sur l’assassinat jeudi à Nairobi de deux responsables d’une ONG qui a récemment dénoncé des exécutions sommaires par la police.

Publié le 6 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

« L’assassinat choquant à Nairobi de deux éminents défenseurs kényans des droits de l’Homme doit faire l’objet d’une enquête indépendante », a déclaré Philip Alston dans un communiqué reçu vendredi par l’AFP à Nairobi.

Le fondateur de la Fondation Oscar, Oscar Kamau Kingara et un responsable de cette ONG locale ont été exécutés dans leur voiture dans le centre de Nairobi par un commando d’hommes en costume sombre jeudi vers 18H00 (15H00 GMT), dans une embuscade impliquant quatre véhicules, selon des témoignages recueillis par le quotidien The Nation.

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A la suite de la fusillade, des étudiants de l’université de Nairobi se sont opposés aux forces de l’ordre qui voulaient récupérer les corps. La police a ouvert le feu et tué un étudiant. Le chef de la police Hussein Ali a admis l’usage excessif de la force et annoncé l’arrestation de trois policiers impliqués dans ces heurts.

La Fondation Oscar avait publié en 2007 un rapport intitulé « Permis de tuer » sur les exécutions extrajudiciaires présumées des forces de sécurité kényanes et les deux hommes avaient rencontré M. Alston lors de sa mission au Kenya en février.

Dans ses conclusions préliminaires, M. Alston a affirmé que la police kényane s’était rendue coupable de meurtres extrajudiciaires « systématiques ». Il avait appelé au limogeage du chef de la police et du procureur général, faisant part également de menaces reçues par des témoins pendant sa mission.

Dans son communiqué, M. Alston s’est interrogé sur les circonstances entourant les deux assassinats et notamment « un communiqué attribué au porte-parole du gouvernement Alfred Mutua, dénonçant publiquement la Fondation Oscar pour ses liens avec la secte illégale Mungiki ».

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La commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR), dénonçant ces « meurtres haineux », a demandé une enquête indépendante sur ce que M. Mutua, dont « les déclarations doivent être prises très au sérieux », sait de ces meurtres.

Les Mungiki ont mené un mouvement de protestation et d’intimidation jeudi, érigeant des barricades à Nairobi et dans les villes périphériques de la capitale pour protester contre les assassinats ciblés de la police dont ils disent être victimes.

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Deux membres présumés de ce gang criminel ont été lapidés à mort par une foule en colère jeudi dans la ville de Thika, non loin de Nairobi, et plus de 100 membres présumés ont été arrêtés depuis jeudi.

Les Mungiki, essentiellement des jeunes chômeurs de l’ethnie kikuyu, la principale du Kenya, se réclamaient à l’origine des guerriers Mau Mau qui se sont illustrés lors de la guerre d’indépendance du Kenya.

La secte a été interdite en 2002 pour ses dérives criminelles, assassinats, notamment par décapitation, et racket, notamment des compagnies de transport. Elle a évolué ces dernières années en un gang criminel.

Plusieurs organisations kényanes ou internationales de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch, International Crisis Group) ont déjà mis en lumière l’implication des forces de sécurité dans des exécutions sommaires.

La plupart de ces meurtres ont eu lieu à la faveur de deux opérations d’envergure, l’une contre les Mungiki et l’autre contre la milice des Forces de défense des terres des Sabaot, dans l’ouest du Kenya.

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