Même pendant le Fespaco, Hollywood tient l’affiche
Malgré le nombre impressionnant de films – 374 au total – diffusés cette année au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), les productions de Hollywood continuent d’avoir la faveur des videoclubs et des Burkinabès, trop démunis pour s’offrir une place de cinéma.
Plaqué contre le mur d’un hangar de fortune, un petit écran diffuse "Special forces", film d’action américain: assis dans la pénombre sur des bancs en bois, une cinquantaine de jeunes ont les yeux rivés sur le vieux téléviseur. Seuls leurs applaudissements aux prouesses du héros troublent le silence religieux qui règne dans cette salle de ciné d’un autre genre.
Dans ce bout de quartier pauvre, aucun d’eux n’envisage d’aller au Fespaco qui, depuis 1969, diffuse pendant une semaine une centaine de films réalisés par des cinéastes africains ou d’origine africaine.
Les prix des tickets d’accès aux salles de cinéma réservées au festival varient de 300 à 500 francs CFA (0,46 et 0,76 euro) dans les quartiers périphériques, et 1. 000 FCFA (0,5 euro) à 1. 500 FCFA (2,2 euros) pour les autres.
Faute de projections gratuites en plein air, bannies cette année par les organisateurs, la clientèle des vidéoclubs ne verra pas de films africains pendant le festival.
"Les prix des salles ne sont pas à leur portée. Quelqu’un qui a 500 francs CFA ne les prendrait pas pour aller regarder un film. Le lendemain il mange quoi ? S’il vient ici avec 500 FCFA, il dépense 150 FCFA (0,2 euro) pour trois films, il lui restera 350 FCFA (0,5 euro) en poche", explique Boubacar Nanéma, propriétaire d’un vidéoclub à Saint-Léon, un quartier du centre de Ouagadougou.
Selon lui, les Africains ont l’amour de leur ciné. "Les gens aiment les films africains mais ils n’arrivent pas à les voir. Les films africains sont introuvables sur CD, à part des films nigérians ou ghanéens" tournés en anglais ou en Ibo (langue du Nigeria), explique-t-il.
"On a l’impression que les réalisateurs africains font les films pour l’Europe. Il est idiot de ne pas faire voir son film et dire après que les gens n’aiment pas le cinéma africain. Ce n’est pas vrai", affirme-t-il
"Nous sommes dans les quartiers pauvres où tout le monde n’a pas les moyens d’accès aux grandes salles. Si les grands réalisateurs africains, les producteurs essaient de travailler avec nous qui avons les petites salles dans les quartiers, nous pouvons faire la promotion du film africain parce que les gens connaîtront mieux nos acteurs et feront la promotion du cinéma africain", propose-t-il.
Le Camerounais Jean-Marie Teno a consacré un documentaire "Lieux sacrés" au vidéoclub de Boubacar Nanéma dans lequel le cinéaste burkinabè Idrissa Ouédraogo (Etalon de Yennenga en 1993) estime que les réalisateurs africains doivent accorder de l’importance aux vidéoclubs. Le film est en compétition dans la section documentaire.
Selon Boubacar Nanéma, quelques 250 vidéoclubs ont été recensés en 2008 dans la seule ville de Ouagadougou contre seulement neuf salles de cinéma pour 1,5 million d’habitants.
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