Kenya: l’ONU demande une enquête sur l’exécution de deux membres d’une ONG
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Philip Alston, a réclamé une enquête indépendante sur l’assassinat jeudi à Nairobi de deux responsables d’une ONG qui a récemment dénoncé des exécutions sommaires par la police.
« L’assassinat choquant à Nairobi de deux éminents défenseurs kényans des droits de l’Homme doit faire l’objet d’une enquête indépendante », a déclaré Philip Alston dans un communiqué reçu vendredi par l’AFP à Nairobi.
Le fondateur de la Fondation Oscar, Oscar Kamau Kingara et un responsable de cette ONG locale ont été exécutés dans leur voiture par des inconnus armés jeudi vers 18H00 (15H00 GMT), dans le centre de Nairobi.
La Fondation Oscar avait publié en 2007 un rapport intitulé « Permis de tuer » sur les exécutions extrajudiciaires présumées des forces de sécurité kényanes et les deux hommes avaient rencontré M. Alston lors de sa mission au Kenya en février.
Dans ses conclusions préliminaires rendues publiques fin février, M. Alston a affirmé que la police kényane s’était rendue coupable de meurtres extrajudiciaires « systématiques » et avait appelé au limogeage du chef de la police et du procureur général.
Il s’était également inquiété des menaces reçues par des témoins pendant sa mission.
« Il est extrêmement troublant que ceux travaillant à la défense des droits de l’Homme puissent être assassinés de jour en plein coeur de Nairobi. Cela constitue une menace majeure à l’Etat de droit », a estimé M. Alston.
« Le gouvernement kényan a l’obligation de mettre sur pied une enquête indépendante sur ces assassinats, compte tenu des circonstances qui les entourent. Parmi elles figure un communiqué attribué au porte-parole du gouvernement Alfred Mutua, dénonçant publiquement la Fondation Oscar pour ses liens avec la secte illégale Mungiki », ajoute M. Alston.
Ce dernier pointe également des déclarations attribuées selon lui au porte-parole de la police nationale Eric Kiraithe, indiquant qu’une vaste opération de sécurité allait « assurément chercher » les responsables du mouvement de protestation jeudi des Mungiki.
Ces derniers ont mené un mouvement de protestation et d’intimidation jeudi, érigeant des barricades à Nairobi et dans les villes périphériques de la capitale pour protester contre les assassinats ciblés de la police dont ils disent être victimes.
Cette opération d’envergure qui a paralysé le trafic des transports collectifs et contraint de nombreux commerces à rester fermés de peur de représailles, a conduit au déploiement massif des forces anti-émeutes et de la police kényane.
Deux membres présumés de ce gang criminel ont été lapidés à mort par une foule en colère jeudi dans la ville de Thika, non loin de Nairobi.
Les Mungiki, essentiellement des jeunes chômeurs de l’ethnie kikuyu, la principale du Kenya, se réclamaient à l’origine des guerriers Mau Mau qui se sont illustrés lors de la guerre d’indépendance du Kenya.
Le groupe a été interdit en 2002 pour ses dérives criminelles, assassinats, notamment par décapitation, et racket.
Plusieurs organisations kényanes ou internationales de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch, International Crisis Group) ont déjà mis en lumière l’implication des forces de sécurité dans des exécutions sommaires.
La plupart de ces meurtres ont eu lieu à la faveur de deux opérations d’envergure, l’une contre les Mungiki et l’autre contre la milice des Forces de défense des terres des Sabaot (SLDF), dans l’ouest du Kenya.
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