Trafic de drogue : de plus en plus de consommateurs en Afrique de l’Ouest
Un nouveau rapport publié par le Réseau épidémiologique ouest-africain sur l’usage des drogues dévoile l’ampleur croissante de la consommation des stupéfiants en Afrique de l’Ouest. Sans oublier le cas de l’alcool.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 17 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Les spectaculaires saisies de cocaïne de ces derniers mois ont jeté une lumière crue sur le trafic de stupéfiants en Afrique de l’Ouest. Selon le dernier rapport du Réseau épidémiologique ouest-africain sur l’usage des drogues (Wendu) – document publié en ce mois de septembre –, les quantités de stupéfiants exhibées notamment par les performantes forces de l’ordre sénégalaises ne seraient que la partie émergée d’un iceberg bien plus volumineux.
Compilation de données recueillies dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, l’étude brise l’idée reçue selon laquelle le continent ne serait que la zone de transit de drogues destinées, depuis l’Amérique latine, à l’Asie ou à l’Europe. Les Africains s’adonnent de plus en plus à la consommation de différentes substances toxiques, en particulier les tranches d’âge les plus jeunes. 73,4 % des personnes traitées pour troubles toxicomanes seraient âgées de 15 à 44 ans.
Des substances variées
Les produits concernés sont notamment le cannabis, substance la plus consommée, avec 28 % des patients. Un cannabis qui, dans quelques pays du continent, fait l’objet d’un débat allant dans le sens d’une tolérance propice au secteur médical et à celui de l’agriculture. Comme le démontrent de récurrentes publications de presse sur l’antidouleur tramadol, les opioïdes pharmaceutiques représentent également un pan important du fléau, avec 9,2 % des cas traités.
A mi-chemin des plantes et des composants chimiques, le kush investit de plus en plus des pays comme le Sénégal, la Gambie et la Sierra Leone. Il s’agit d’un dérivé du cannabis mêlé à des substances synthétiques. Le rapport du Wendu n’élude pas un produit accoutumant que l’on rechigne souvent à considérer comme une drogue : l’alcool. Ce dernier est la seconde substance conduisant à des traitements d’addictologie, avec 11,78 % des personnes soignées.
Des solutions multiples
Les enquêteurs du Réseau ne manquent pas d’esquisser des pistes de solution. S’il faut intensifier les actions de lutte contre les trafics de tous genres, notamment par une coopération transnationale accrue, il faut aussi enrichir les alternatives à la répression carcérale. 22 000 personnes souffrant de troubles liés à la consommation de substances toxiques ont bénéficié de soins en 2023, mais les infrastructures sont encore trop rares, voire quasiment inexistantes dans les zones rurales. En outre, les jeunes et les femmes seraient souvent négligés dans l’accès aux traitements. Le rapport du Wendu rappelle enfin qu’il faut toujours mieux prévenir que guérir, et donc intensifier les programmes de prévention.
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