Le fisc peine à reprendre pied dans le nord ex-rebelle

Après six ans d’absence, le fisc a du mal à imposer son retour dans le nord de la Côte d’Ivoire, territoire de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), malgré ses efforts pour convaincre.

Publié le 6 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre et chef des FN Guillaume Soro, a inauguré cette semaine le guichet d’immatriculation de véhicules de Bouaké (centre), marquant le retour des douanes et des impôts dans les localités sous contrôle des FN.

Mais à Bouaké, fief de l’ex-rébellion et seule ville concernée pour le moment, c’est depuis le 2 février que les habitants sont censés s’acquitter de ces taxes, obligation inscrite dans le dernier accord de paix interivoirien signé fin 2008.

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En un mois, seuls 629 usagers se sont acquittés des taxes de vignettes et pas plus de 16 automobilistes ont fait immatriculer leur véhicule: maigre bilan, alors que plusieurs milliers de motos et de voitures circulent quotidiennement dans les rues de la deuxième ville du pays.

Initialement prévu le 15 janvier, le lancement de cette opération dans le nord du pays – contrôlé par les FN depuis leur coup d’Etat manqué contre le président Laurent Gbagbo en 2002 – avait été reporté de deux semaines au profit d’une campagne de sensibilisation.

"Au départ, les populations étaient très réticentes" à l’idée de renouer avec le paiement des taxes, reconnaît le directeur régional des impôts, Jacques Yao N’Goran.

Pour les convaincre, les FN se sont chargées de "délivrer le message politique, à savoir que la guerre est finie et que le pays doit se réunifier", explique-t-il à l’AFP.

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Les agents des impôts, eux, se sont employés à "démontrer l’utilité de leur retour", en faisant valoir que l’argent collecté servirait à réparer une voirie très dégradée ou à équiper les hôpitaux.

En outre, des mesures d’allègements fiscaux ont été adoptées pour les opérateurs économiques, afin de les encourager à déclarer leurs activités.

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Les petits commerçants ont ainsi bénéficié d’un taux "minimal" d’imposition, tandis que les opérateurs économiques restés sur place pendant la crise ont vu leurs arriérés des six dernières années annulés.

Quant aux taxes douanières, elles ont été réduites au tiers de la tarification normale pratiquée en zone gouvernementale.

Enfin, durant au moins un an les récalcitrants n’auront pas à s’inquiéter des contrôles inopinés mis en place au sud pour obliger chacun à accomplir son devoir fiscal.

Mais toutes ces mesures n’ont pas suffi à attirer les contribuables, qui en demandent davantage.

"Il y en a qui veulent dédouaner leurs engins en plusieurs mensualités. On leur dit que ce n’est pas comme ça", rapporte le lieutenant-colonel Abdel Aziz Kamagaté, directeur régional des douanes à Bouaké.

L’opération, admet-il toutefois, est confrontée au faible pouvoir d’achat des usagers, contraints de débourser entre 24. 500 FCFA (37 euros) et 100. 000 FCFA (152 euros) rien que pour un dédouanement.

Obligé, comme bon nombre d’automobilistes, de faire immatriculer son engin pour circuler du nord au sud, Idrissa Konaté, chauffeur de taxi, ne décolère pas: "les gens n’ont même pas d’argent pour se nourrir, et on leur demande de payer 50. 000 FCFA cash (76 euros) pour avoir les papiers d’une mobylette !"

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