Mandat d’arrêt: Béchir expulse des ONG du Darfour

Le président soudanais Omar el-Béchir a répliqué au mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) en expulsant des ONG internationales du Darfour, menaçant l’acheminement d’une aide humanitaire vitale pour des centaines de milliers de civils.

Publié le 5 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans le même temps, le président, visé par un mandat pour crimes de guerre et contre l’humanité dans cette région de l’ouest du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile, a fustigé le "néo-colonialisme" occidental.

Le président a confirmé l’expulsion, annoncée la veille, de 10 ONG actives au Darfour, théâtre de la plus importante mission humanitaire au monde, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

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Le conflit, qui a fait 300. 000 morts selon l’ONU, 10. 000 selon Khartoum, a déplacé 2,7 millions de personnes très dépendantes de l’aide humanitaire.

"Nous expulsons 10 ONG parce qu’elles ont violé les lois du pays et n’ont pas respecté leur mandat", a déclaré Omar el-Béchir lors d’un Conseil des ministres.

Et d’autres ONG pourraient prendre le même chemin, a prévenu le chef de la Commission soudanaise des Affaires humanitaires (HAC), Hassabo Mohammed Abdou Rahmane, accusant la dizaine d’organisations déjà sommées de partir d’avoir collaboré avec la CPI.

"D’autres ONG sont dans la ligne de mire et font l’objet d’une enquête, a-t-il averti. Le processus d’expulsion pourrait se poursuivre".

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Les autorités ont révoqué les permis des ONG françaises Solidarités et Action contre la Faim (ACF), de Médecins sans frontières (MSF-France et Hollande), du Conseil Norvégien des réfugiés (NRC), des organisations américaines Care, IRC, Mercy Corps et CHF ainsi que des britanniques Oxfam et Save the Children.

"Cela représente près de la moitié" des programmes de l’ONU sur le terrain, a déclaré à l’AFP un haut responsable de l’ONU sous le couvert de l’anonymat.

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"Cela va avoir un impact immédiat sur l’acheminement de l’aide humanitaire" au Darfour, a souligné cette source. Les agences de l’ONU, dont le programme alimentaire mondial (PAM), fournissent des vivres et de l’aide à 4,7 millions de personnes au Soudan, dont 2,7 millions au Darfour.

Entre deux et trois cents humanitaires étrangers devront quitter le pays à très brève échéance, selon des pointages de l’AFP basés sur les effectifs des dix ONG interdites d’opérer au Darfour et à Khartoum.

Des hauts responsables de l’ONU devaient cependant rencontrer jeudi la HAC dans l’espoir de révoquer ces ordres d’expulsion.

"Ils nous ont dit de quitter le pays dans les 24 heures", a indiqué un humanitaire sous le couvert de l’anonymat.

"Nous sommes extrêmement peinés par la fermeture forcée de nos opérations", a déclaré le président de l’ONG américaine IRC, George Rupp.

"C’est absurde que nous, une organisation indépendante et impartiale, ayons été pris dans un processus politique et juridique", a déclaré le directeur des opérations de MSF-Hollande, Arjan Hehenkamp. "C’est totalement inacceptable que les gens du Darfour soient privés de soins médicaux essentiels", a-t-il ajouté.

Quelque 16. 500 humanitaires travaillent au Darfour, dont 95% de Soudanais embauchés localement. "La décision risque aussi de faire perdre leur emploi à des milliers de Soudanais travaillant pour ces ONG" a souligné la source onusienne.

Devant plus de 10. 000 manifestants très remontés dans le centre de Khartoum, le président soudanais a également pourfendu l’Occident.

"Les véritables criminels, ce sont les leaders des Etats-Unis et de l’Europe", a lancé le président soudanais.

"Cela fait 20 ans que nous sommes sous la pression du néo-colonialisme et de ses instruments comme la CPI, le Conseil de sécurité des Nations unies et le Fonds monétaire international", a-t-il affirmé.

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