Mandat Béchir: des réfugiés darfouris au Tchad crient leur joie

« Dieu est grand » : Aussitôt annoncé le mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, les milliers de réfugiés darfouris du camp de Farchana, dans l’est du Tchad, ont crié leur joie au son des youyous des femmes.

Publié le 4 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

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Mandat d’arret contre Béchir: les réactions

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"El-Béchir n’est pas un homme qui craint Dieu. Il a tué des innocents. Il faut le châtier également", affirme Oumar Abdel Chokua, un réfugié de 40 ans, qui a fui son village de Mogada pour sauver sa vie.

Environ 21. 000 réfugiés, dont la plupart sont arrivés il y a quatre ans, vivent dans des tentes au camp de Farchana (85 km de la frontière tchadienne).

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Comme 240. 000 autres réfugiés, selon les estimations des ONG, ils ont quitté leurs villages pour échapper à la guerre et surtout aux janjawids -hommes à cheval-, les milices pro-gouvernementales, qu’ils accusent de massacres. Ces déplacements de populations et les incursions au Tchad des janjawids ont aussi provoqué le déplacement de 190. 000 Tchadiens dans l’est du pays.

"Les janjawids ont tué mes trois enfants. Ils sont arrivés dans mon village le jour du marché et ont tué les gens à bout portant. Ils ont tué 53 personnes avant de partir", raconte Al Hadj Hassan Mahamat, 47 ans, originaire de Kokota, près d’el-Geneina, qui n’est qu’à une centaine de km de camp.

Le conflit au Darfour a fait a fait 300. 000 morts, selon l’ONU. Le régime de Khartoum parle, lui, de 10. 000 morts.

Mercredi, les réfugiés s’étaient rassemblés par petits groupes pour écouter la radio et attendre la décision de la Cour pénale internationale. Originaire du village darfouri de Kondé, Khadija Djmet Ibrahim, une élève de 19 ans, qui rentre de l’école, a "perdu quatre parents à cause de Béchir". Elle jubile: "Nous sommes tous contents. On attendait cette décision avec impatience. Nous allons fêter ça avec mes parents".

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La plupart des réfugiés s’apprêtaient à fêter mercredi soir le mandat lancé par la CPI, en famille ou par petits groupes, et vont solliciter les autorités des camps pour organiser une manifestation collective dans les prochains jours.

"Je suis heureux d’apprendre que Béchir va bientôt répondre de sa culpabilité devant la Justice. C’est mon souhait le plus ardent. Béchir a fait tuer beaucoup de mes proches, j’ai perdu mon bétail", affirme Mahamat Adan, 35 ans, ancien éleveur de Mogada.

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Fadoul Didi, originaire de Doukouri, est un des rares à se méfier: "Ce n’est pas une solution. Ca va plutôt provoquer la colère (d’el-Béchir). Le mieux aurait été de venir le renverser. Je crains pour le sort de mes enfants restés à el-Geneina"

"Il faut que la communauté internationale soutienne la CPI. Les janjawids ont brûlé nos maisons", affirme un autre réfugié.

Une doyenne du camp, Halimé Ousmana Yaya, 70 ans, originaire de Saldoukoro, faisait la queue pour des vivres lorsque la nouvelle est tombée. "Je me souviens de la mort de mon mari lors de la fuite. Si on juge Omar el-Béchir avant ma mort, affirme-t-elle, alors je pourrais reposer en paix".

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