« Jusqu’à la mort »: des milliers de Soudanais affichent leur soutien à Béchir
« Nous allons te protéger Béchir jusqu’à la dernière goutte de notre sang », scandaient mercredi des milliers de Soudanais, soutenant leur président Omar el-Béchir, objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI).
La foule continuait à affluer en fin de journée dans la capitale soudanaise.
« Nous sommes avec toi Béchir », lançaient les manifestants, dont certains appelaient au « jihad » –la guerre sainte– contre les Etats-Unis, pays dont les relations sont très tendues avec Khartoum.
La CPI a délivré mercredi un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour, région de l’ouest du Soudan en proie à un conflit complexe à l’origine de 300. 000 morts selon l’ONU. Khartoum chiffre à 10. 000 le nombre de décès liés aux combats.
Le Soudan affirme son « refus total de la décision de la CPI parce que le Soudan n’en est pas un membre et cette Cour n’a pas de compétence sur le Soudan », a réagi le ministre d’Etat soudanais aux Affaires étrangères, Ali Karti, lors d’une conférence de presse au Caire.
Plus tôt, le ministre soudanais de la Justice Abdel Basit Sabdarat avait affirmé à la chaîne de télévision arabe Al-Jazira que son pays ne coopèrerait pas avec la CPI.
A Khartoum, les manifestants brandissaient des affiches à l’effigie du président Béchir alors que d’autres piétinaient des photos du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, ennemi juré de Khartoum.
« Dieu est grand », répétait la foule constituée majoritairement d’hommes vêtus de la tunique blanche traditionnel au Soudan, alors que des politiques prenaient la parole à tour de rôle sur le balcon d’un bâtiment gouvernemental, dans le centre de la capitale.
« Le mandat d’arrêt montre qu’il y a deux poids, deux mesures avec l’Occident. Nous voulons une solution soudanaise à un enjeu soudanais », a déclaré à l’AFP Fakri Osmane, un manifestant.
Des manifestations d’appui à Omar el-Béchir étaient prévues dans la journée dans d’autres villes du Soudan, ainsi qu’à proximité des ambassades des Etats-Unis, de France et des bureaux de l’ONU à Khartoum.
Les ambassades ont prévenu leurs ressortissants de stocker de la nourriture, en cas de couvre-feu, et d’éviter les lieux publics fréquentés par des étrangers à Khartoum, où sont également établis les bureaux de plusieurs ONG actives au Darfour.
« Nous vous avisons de maintenir un stock d’eau et de nourriture pour tenir pendant plusieurs jours », conseille le « Foreign office » britannique. Le Département d’Etat américain recommande de son côté « d’éviter tout voyage au Soudan ».
« Les étrangers qui se trouvent au Soudan, y compris les Canadiens, courent un très grand risque d?être la cible d?actes terroristes », souligne le ministère canadien des Affaires étrangères.
« Compte tenu de l?actualité, les voyageurs sont invités à différer tout déplacement au Soudan dans les jours à venir et, pour ceux qui s?y trouveraient déjà, à faire preuve de la plus grande prudence », a nuancé le ministère français des Affaires étrangères.
Des manifestations d’appui au président soudanais pourraient se poursuivre pendant plusieurs jours à Khartoum et dans ses fiefs traditionnels du nord.
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