Darfour: la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le président Béchir

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé mercredi avoir délivré un mandat d’arrêt contre le soudanais pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, sans retenir le chef d’accusation de génocide.

Publié le 4 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

Le Soudan a immédiatement rejeté ce mandat et des milliers de soudanais manifestaient dans les rues de Khartoum leur soutien au Président.

« Aujourd’hui, la chambre préliminaire 1 (. . . ) a émis un mandat d’arrêt contre le président du Soudan Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a déclaré la porte-parole de la CPI, lors d’une conférence de presse.

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La Cour n’a pas émis de mandat d’arrêt contre M. Béchir pour génocide, contrairement à ce qu’avait demandé le procureur de la CPI, .

« Le gouvernement soudanais est obligé par le droit international d’exécuter le mandat d’arrêt sur son territoire », a déclaré le procureur devant la presse.

Mais, le ministre de la Justice soudanais, Abdel Basit Sabdarat, a déclaré sur la chaîne Al-Jazira que le Soudan n’a pas coopéré jusque-là et ne coopèrera pas avec la CPI.

A Khartoum, des milliers de Soudanais manifestaient mercredi leur soutien au président Omar el-Béchir, premier chef d’Etat de l’histoire visé par un mandat d’arrêt de la CPI.

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« Nous t’aimons président Béchir », scandaient plus d’un millier de personnes réunies sur les bords du Nil, dans le centre de Khartoum, selon un journaliste sur place.

Le mandat d’arrêt de la CPI visant le président soudanais pourrait menacer la paix au Soudan, a affirmé mercredi à l’AFP le président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping.

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Peu auparavant, le porte-parole de l’armée, Osman al-Aghbash, cité par Radio Omdurman (officielle), avait déclaré que l’armée soudanaise réagirait « avec fermeté contre quiconque collaborant avec la Cour pénale internationale ».

M. Moreno-Ocampo avait demandé en juillet 2008 un mandat d’arrêt contre Omar el-Béchir, 65 ans, à la tête du plus grand pays d’Afrique depuis 1989. Dans sa requête à la Cour, le procureur avait estimé qu’il était pénalement responsable du génocide des ethnies four, masalit et zaghawa.

« M. Béchir a, de façon spécifique et à dessein, pris pour cible des civils qui ne prenaient part à aucun conflit, dans l’intention de les détruire, en tant que groupe », avait-il affirmé.

M. Moreno-Ocampo a accusé également Omar el-Béchir d’être responsable de meurtres, d’extermination, du transfert forcé de population, de tortures et viols, de crimes contre l’humanité, de pillages, d’attaques et de crimes de guerre, commis depuis mars 2003.

Environ 35. 000 civils ont été tués lors d’attaques de leurs villages par l’armée soudanaise, appuyée par des milices pro-gouvernementales janjawid. Le conflit a déplacé 2,7 millions de personnes et 100. 000 personnes « ont péri de mort lente » dans des camps, de faim et de maladie, selon M. Moreno-Ocampo.

Le procureur de la CPI, seul tribunal permanent compétent pour juger des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, enquête depuis 2005 sur le Darfour en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU.

Un mandat d’arrêt aurait « des conséquences dangereuses sur les efforts de paix en cours au Darfour », a averti mardi La Ligue arabe.

La CPI avait émis des mandats d’arrêt contre le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef de milice janjawid, Ali Kosheib, en mai 2007, mais Omar el-Béchir a toujours refusé de les extrader.

La CPI ne dispose d’aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l’exécution des mandats d’arrêt.

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