Guinée-Bissau: incertitudes sur la tenue d’une présidentielle dans 60 jours

Le président par intérim Raimundo Pereira est entré en fonction en Guinée-Bissau après l’assassinat de Joao Bernardo Vieira, mais le délai de 60 jours pour organiser un scrutin présidentiel, prévu par la Constitution, semble difficile à tenir sans une aide internationale importante.

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

L’organisation de cette élection, après la mort lundi du président Vieira au lendemain de l’assassinat du chef d’état-major de l’armée, est cruciale pour la stabilité de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, fragilisé par le trafic de cocaïne sud-américaine en transit vers l’Europe.

« En soixante jours, ça va être difficile d’organiser des élections en Guinée-Bissau », a estimé mercredi la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), une des principales ONG de ce type en Afrique.

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Pour le président de la Raddho Alioune Tine, « l’état des finances est franchement déplorable » en Guinée-Bissau, un des pays les plus pauvres du monde. « Si les Etats se mobilisent et donnent des moyens, c’est possible. Mais la communauté internationale a toujours laissé la Guinée-Bissau s’enfoncer », a-t-il dit à l’AFP.

Lors de sa prestation de serment mardi, Raimundo Pereira, jusque-là président de l’Assemblée nationale, a exhorté la communauté internationale à « ne pas abandonner » son pays.

Le délai de 60 jours « est très court, c’est vrai, mais il est prévu par la Constitution », avait alors indiqué le président de la Commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) Ibn Chambas.

« La Cédéao va tout faire avec la communauté internationale pour aider la Guinée-Bissau à mobiliser les ressources et les moyens nécessaires pour voir si on peut aller à ces élections dans ce délai très très court », avait-il poursuivi après l’investiture, appelant « tous les partis politiques » à soutenir la transition.

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Mais le schéma de succession prévu par la Constitution, et respecté à ce jour, est contesté par la principale formation de l’opposition, le Parti de la rénovation sociale (PRS) de l’ex-chef de l’Etat Kumba Yala (2000-2003), qui a critiqué le « choix précipité » du président par intérim.

« Nous aurions préféré qu’un débat soit ouvert à toutes les forces vives de la Nation dans un forum approprié comme le Parlement pour réfléchir sur le type d’Etat qu’il faut mettre en place », a dit à l’AFP le porte-parole du PRS Batista Correia.

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« Mais hélas, pour des intérêts personnels ou de parti, certains ont préféré précipiter les choses. Attendons de voir », a-t-il conclu. Avec 28 députés, le PRS est la deuxième force politique après le Parti africain pour l’indépendance de Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), au pouvoir avec 67 députés.

« A chaque changement de pouvoir, les (Bissau-)Guinéens manquent l’occasion de mettre en place des institutions solides capables de jeter les bases d’un Etat solide », a renchéri l’opposant Idrissa Djalo, chef du Parti de l’unité nationale (Pun).

« Nous avons évité un vide au sommet de l’Etat en appliquant la Constitution. Le président de l’Assemblée a été élu pour assurer l’intérim à la présidence », a répondu Joao Sidiba Sani, député du PAIGC, ex-parti unique.

L’assassinat du président Vieira n’est « pas un coup d’Etat », a encore affirmé mercredi à l’AFP le ministre de la Défense Artur Silva. « Les militaires n’ont aucune intention de s’emparer du pouvoir ».

Mais pour assurer cette délicate transition, le président par intérim ne dispose que de pouvoirs limités. Il peut seulement fixer la date du scrutin sans pouvoir promulguer des lois ni prendre des décrets.

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