Les médias publics russes évincés de Facebook et Instagram
Déjà en bisbille avec la Russie, Meta vient d’interdire des groupes médiatiques russes sur ses plateformes. La société dénonce des ingérences secrètes dans de nombreux pays du globe. La décision a une portée particulièrement importante en Afrique.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 21 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
L’interdiction de médias publics russes sur certains bouquets ne déplait pas toujours aux pourfendeurs d’un présumé néo-impérialisme en Afrique. Elle constitue, pour les régimes issus de putschs, un excellent argument pour banaliser la suspension d’organes de presse occidentaux critiques à leur égard. La Fédération de Russie peut elle-même considérer comme une médaille la présumée persécution de ses médias, tant que ceux-ci peuvent continuer à s’insinuer à travers les réseaux sociaux.
C’est donc une interdiction d’un nouveau genre qui vient de frapper le groupe audiovisuel RT (anciennement « Russia Today » ), mais aussi l’organisme de communication officiel de la Russie à l’international, Rossiya Segodnya, et d’autres entités apparentées. Ces supports sont désormais bannis des plateformes et applications du groupe Meta, notamment Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads, « en raison de leurs activités d’ingérence étrangère ».
Ligne américanophile
Réponse du berger à la bergère ? En mars 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine, Meta avait été classée organisation « extrémiste » pour avoir été un support de prédilection des opposants russes. Facebook et Instagram avaient, quant à eux, été interdits dans la fédération.
Dans le contexte géopolitique mondial et conformément à sa ligne éditoriale moins libertaire que celle d’Elon Musk (propriétaire de X), l’entreprise de Mark Zuckerberg embraye le pas aux autorités américaines. La semaine dernière, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a en effet qualifié Rossiya Segodnya de « branche » du renseignement russe dans le monde, et l’a accusé d’être un pourvoyeur de campagnes de déstabilisation, de propagande et de désinformation, aussi bien en Amérique du Sud qu’en Europe centrale, occidentale et en… Afrique. Washington évoque notamment des contenus subversifs diffusés via des réseaux sociaux comme TikTok, Youtube et X, mais aussi Instagram.
Enjeu africain
Si Facebook est largement délaissé par les jeunes occidentaux, il reste populaire dans les pays africains. Avec Instagram qui séduit les plus branchés, les réseaux de Meta sont donc largement utilisés dans les stratégies d’influence russes en Afrique.
En 2022, le rapport « Russian medias and Africa : exercising softpower », publié par l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA), soulignait l’accroissement des audiences des médias publics russes. C’est ainsi que l’explosion des abonnements africains à la page Facebook de RT France, fin 2017 (de 50 000 à 850 000 abonnés en deux mois), s’expliquait par l’intérêt de la frange francophone d’un continent africain en début de désamour avec les partenaires occidentaux.
Ce mardi, en réaction à la décision de Meta, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a dénoncé des « actions contre les médias russes […] inacceptables ».
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