Mandat d’arrêt contre Béchir: la tension monte en attendant la décision de la CPI

La tension est palpable au Soudan, notamment au Darfour où la présence des forces de sécurité a été renforcée, quelques heures avant la décision de la Cour pénale internationale de lancer ou non un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir.

Publié le 4 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

"Nos gars sur le terrain sentent une tension", lance un responsable de la force de maintien de la paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad), région de l’ouest du Soudan théâtre d’un conflit complexe à l’origine de 300. 000 morts selon l’ONU. Khartoum parle de 10. 000 morts.

"Il y a beaucoup plus de forces de sécurité visibles sur le terrain au Darfour", poursuit cette source au sein des Casques bleus. Selon la Minuad, l’armée prévoit une "démonstration de force" à El-Facher, capitale historique de l’ancien sultanat du Darfour, devenu au début du XXe une région du Soudan.

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Les autorités soudanaises ont déjà prévenu la population locale que toute déclaration publique en faveur de la CPI serait passible de répression.

"Si elles (forces gouvernementales) font du mal à des civils, le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) va réagir", a averti Khalil Ibrahim, le chef du plus militarisé de la myriade des groupes rebelles du Darfour.

"Nos troupes sont prêtes à contrer toute réaction militaire du gouvernement", a indiqué à l’AFP un porte-parole de la faction "Unité" des rebelles de l’Armée de libération du Soudan.

La décision des juges doit être annoncée à 13h00 GMT. Il s’agirait du premier mandat d’arrêt contre un chef d’Etat lancé par la CPI.

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Dès mardi, M. Béchir a prévenu que la décision de la CPI n’aurait "aucune valeur". "Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite".

Le même jour, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a déclaré avoir "de lourdes preuves contre" M. Béchir. "Nous avons plus de trente différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé", a dit le procureur qui avait demandé aux juges d’émettre un mandat d’arrêt contre M. Béchir qu’il accuse de génocide, de crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour.

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Des manifestations d’appui au président Omar el-Béchir sont anticipées dans la journée dans différentes villes du Soudan, notamment à proximité des ambassades des Etats-Unis, de France et des bureaux de l’ONU à Khartoum.

La "famille ONU" compte un total de 32. 000 employés – nationaux et internationaux – au Soudan, incluant un total de 25. 000 Casques bleus au Sud-Soudan et au Darfour, alors que les Etats-Unis dénombrent 2. 000 citoyens et la France près de 300, selon des données recueillies par l’AFP.

"Il y aura des réactions populaires (à la décision de la CPI) mais le gouvernement assurera la protection des ambassades, des missions diplomatiques et des civils étrangers", a assuré le porte-parole du gouvernement Kamal Obeid.

Deux camions militaires étaient disposés tard mardi soir à proximité de l’ambassade de France, selon un journaliste de l’AFP.

La décision de la CPI doit tomber vers 16h00 heure locale au Soudan, mais des manifestations pourraient précéder le verdict.

Les employés des administrations publiques ont été prévenus qu’ils pouvaient quitter le travail à la mi-journée, selon une source onusienne.

Les manifestations d’appui à M. Béchir sont par ailleurs improbables au Sud-Soudan où la population n’a qu’un mot en tête, "CPA" et non "CPI". Le "CPA" est l’acronyme de l’Accord de paix global qui a mis fin en 2005 à 21 ans de guerre civile entre nordistes et sudistes.

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