Guinée-Bissau: le président par interim a prêté serment

Le président par intérim de Guinée-Bissau, Raimundo Pereira, a prêté serment mardi à Bissau devant les députés de l’Assemblée nationale, conformément à la Constitution, a constaté un photographe de l’AFP.

Publié le 3 mars 2009 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre Carlos Gomes Junior ainsi que les membres d’une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) étaient présents à la cérémonie.

Selon la Constitution, le nouveau chef de l’Etat par intérim, président sortant de l’Assemblée nationale, doit organiser des élections présidentielles dans un délai de 60 jours dans ce pays pauvre et instable d’Afrique de l’Ouest, fragilisé par le trafic de cocaïne sud-américaine à destination de l’Europe.

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La Guinée-Bissau semblait ainsi emprunter la voie constitutionnelle pour la succession au sommet de l’Etat après l’assassinat la veille du président Joao Bernardo Vieira, qui a fait planer le spectre d’un nouveau putsch en Afrique de l’Ouest.

A l’Assemblée nationale, 70 députés sur 100 ont voté mardi en faveur de l’application de la Constitution de ce pays déjà déstabilisé par le trafic de cocaïne sud-américaine à destination de l’Europe.

La principale formation d’opposition, le Parti de la rénovation sociale (PRS), a jugé que le président par intérim devait être choisi par « consensus national ».

Dès lundi, des officiers de l’état-major avaient assuré que l’armée « respecterait l’ordre constitutionnel et la démocratie ».

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« L’armée a dit qu’elle se soumet au pouvoir politique et que la mort du président ne constitue pas un coup d’Etat », a déclaré Antonia Mendes Pexeira, chef du groupe parlementaire du Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), majoritaire à l’Assemblée.

« Donc nous avons juste appliqué la Constitution en choisissant le président de l’Assemblée pour assurer l’intérim au sommet de l’Etat », a-t-elle ajouté.

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Le président Vieira, démocratiquement élu en 2005 après avoir dirigé le pays d’une main de fer de 1980 à 1999, a été tué par balles par des militaires lundi à l’aube, quelques heures après un attentat meurtrier à la bombe contre le chef d’état-major des armées, le général Tagmé Na Waié.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) Jean Ping avait dénoncé lundi un « coup d’Etat », mais le ton a changé mardi.

« Nous ne considérons pas que nous avons encore affaire à un coup d’Etat au stade actuel. Il s’agit de l’assassinat d’un chef d’Etat (. . . ) », a déclaré le président du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, Bruno Nongoma Zidouemba, après une réunion extraordinaire à Addis Abeba.

« A partir du moment où la Constitution a prévu cette situation, c’est un événement malheureux que le peuple bissau-guinéen va devoir dominer », a-t-il estimé, précisant que Bissau n’était pas suspendue des instances de l’UA.

Le Conseil a néanmoins demandé une enquête sur les circonstances encore confuses des événements.

Un médecin légiste qui a participé à l’autopsie du corps du président a affirmé, sous couvert de l’anonymat, que la victime avait été « sauvagement battu avant d’être achevée par plusieurs balles ». Dans le même temps, un soldat disant avoir participé à son assassinat a affirmé qu’un commando de militaires l’avait « liquidé » pour « venger » la mort de Na Waié.

Mardi, le dispositif militaire a été allégé dans la capitale et les soldats n’étaient plus visibles qu’autour de points stratégiques, notamment les casernes.

Des délégations de la Cédéao et de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) sont arrivées à Bissau.

« Nous sommes venus apporter notre appui aux autorités bissau-guinéennes pour un retour à l’ordre constitutionnel », a dit le secrétaire d’Etat portugais à la Coopération Joao Gomes Cravinho, dont le pays préside la CPLP.

Il a évoqué un « appui » de la CPLP « dans l’organisation des élections », afin de « mettre fin à ces cycles de violence dans le pays ».

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