Au Mali, les attaques jihadistes à Bamako ont fait plus de 70 morts
Les autorités maliennes n’ont pas communiqué officiellement le nombre de victimes. Mais celui-ci serait bien plus élevé que les « quelques pertes en vies humaines » annoncé par l’état-major des armées.
Les attaques jihadistes de mardi 17 septembre contre une école de gendarmerie et l’aéroport militaire de Bamako ont fait plus de 70 morts et 200 blessés, l’un des bilans humains les plus meurtriers de ces dernières années dans les rangs des forces de sécurité. Une source sécuritaire a en effet fait état de 77 morts et 255 blessés. Un document confidentiel officiel authentifié rapporte quant à lui une centaine de morts et cite nommément 81 victimes, tandis que le quotidien Le Soir de Bamako annonce à sa une « les obsèques d’une cinquantaine d’élèves gendarmes » ce jeudi 19 septembre.
L’état-major des armées s’est pourtant contenté de reconnaître le 17 septembre au soir « quelques pertes en vies humaines », notamment des élèves gendarmes, alors que différentes sources faisaient déjà état d’un nombre très élevé de morts. Les autorités dominées par les militaires se sont gardées jusqu’alors de communiquer un bilan humain précis de cette opération dont l’ampleur n’avait pas été vue depuis longtemps dans la capitale, et qui contredit les proclamations de la junte au pouvoir quant au succès de sa stratégie sécuritaire.
Démonstration de force
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM suivant son acronyme arabe) qui a revendiqué l’opération, a rapporté via ses canaux de communication que quelques dizaines de ses hommes avaient fait pendant neuf heures des centaines de morts et de blessés dans le camp adverse, dont des membres du groupe russe Wagner, allié du régime militaire de Bamako. Ses combattants ont ensuite été tués, a-t-il dit.
Les jihadistes ont attaqué avant l’aube l’école de la gendarmerie et donné l’assaut à l’aéroport militaire proche. Ils se sont assurés temporairement le contrôle d’une partie de la plateforme et du pavillon présidentiel où arrivent et partent le chef de l’État et ses hôtes. Des images de propagande du GSIM montrent ses hommes détruisant des appareils. La capitale n’avait pas été le théâtre d’une telle opération depuis 2016 alors que d’autres régions du pays sont en proie à des attaques quasi quotidiennes.
Le JNIM a voulu faire la démonstration de sa capacité à frapper où il le veut quand il le veut, estiment des analystes. Il a mis à mal la rhétorique de la junte selon laquelle sa stratégie de rupture avait permis d’inverser la tendance face aux jihadistes, après des années de descente aux enfers depuis le déclenchement d’insurrections salafiste et indépendantiste dans le nord du pays en 2012.
Jeudi 19 septembre, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a « condamné avec fermeté » les attaques jihadistes qui ont frappé Bamako et lancé « un appel pressant au renforcement de la collaboration stratégique régionale et internationale dans la lutte contre la recrudescence du terrorisme » en Afrique de l’Ouest. La veille, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont le Mali a quitté les rangs en début d’année, avait exprimé sa « ferme condamnation » des attaques et « réitéré son ferme engagement en faveur de toute initiative favorable à la paix ».
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