Brussels Airlines joue sa survie en Afrique

Toujours en difficulté financière, la compagnie belge Brussels Airlines mise plus que jamais sur le continent africain malgré la concurrence.

Ces six dernières années, Brussels Airlines a gagné 60 000 passagers par an en moyenne. © Éric Vidal/AFP

Ces six dernières années, Brussels Airlines a gagné 60 000 passagers par an en moyenne. © Éric Vidal/AFP

Publié le 9 octobre 2013 Lecture : 4 minutes.

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Le ciel de l’Afrique est plein de promesses. Selon les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (Iata), le trafic devrait y progresser de plus de 6 % par an au cours des vingt prochaines années. Mais pour les acteurs traditionnels, qui ont des liens historiques avec le continent, ces perspectives bouleversent la donne. C’est le cas notamment pour Brussels Airlines, élevé sur les ruines de la compagnie publique belge Sabena.

Présente en Afrique depuis 2002, avec vingt villes desservies – elle en comptait huit à l’origine -, la filiale de Lufthansa réalise un tiers de son chiffre d’affaires sur place. Désormais, elle doit composer avec la montée en puissance de nouveaux acteurs très agressifs, Turkish Airlines, Emirates Airlines et Qatar Airways en tête. Mais aussi de compagnies africaines comme Ethiopian Airlines et Kenya Airways. Et, dans une moindre mesure, de compagnies low cost telles qu’Air Arabia, Kulula, Mango ou FastJet, lancée en 2012 par le fondateur d’easyJet.

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« L’Afrique est une zone où l’activité reste soutenue, mais pas autant que ce que nous anticipions, s’est inquiété Bernard Gustin, le directeur général de Brussels Airlines, en juin, au sortir de la basse saison. Tout le monde parle des nouveaux concurrents, notamment de Turkish Airlines. C’est vrai que nous souffrons beaucoup à cause d’eux. » Concurrence oblige, les revenus par siège sont sous pression. Une tendance qui laisse planer le doute sur le fait que le groupe puisse atteindre les 5 % de croissance de ses ventes qu’il prévoyait en Afrique. Cette inquiétude est d’autant plus compréhensible que Brussels Airlines subit depuis 2009 – date à laquelle Lufthansa a investi 65 millions d’euros dans sa filiale – une perte opérationnelle cumulée de 170 millions d’euros.

Prébooking

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Reste que, en dépit de cet environnement plus agressif et des difficultés économiques, Brussels Airlines veut « maintenir le cap, en particulier le cap africain », selon son président. Les prochains mois pourraient lui donner raison. « Sur une base annuelle, la deuxième moitié de l’année est en général plus active », souligne Philippe Saeys-Desmedt, responsable de l’Afrique au sein de la compagnie. « Le prébooking est encourageant. Le nombre de réservations en portefeuille sur lesquelles nous avons une visibilité de huit à douze mois est nettement meilleur que l’an dernier à la même époque. »

Cette année, Brussels Airlines devrait encore essuyer une perte opérationnelle de 20 millions d’euros, mais il table sur un retour à l’équilibre en 2014. « Notre objectif est d’accélérer le retour à la rentabilité grâce à nos activités africaines », poursuit le responsable. Point positif pour la compagnie : elle est jusqu’à présent parvenue à maintenir sa part de marché en abaissant le prix de son billet. La croissance du nombre de passagers suit celle du continent. « Sur les cinq à six dernières années, nous avons gagné 60 000 passagers par an en moyenne », ajoute Philippe Saeys. En 2013, ce nombre devrait dépasser celui de l’an dernier (716 000 personnes), soit une hausse de 11 %.

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La stratégie de Brussels Airlines passe avant tout par la consolidation de sa présence. Pour ce faire, la filiale de Lufthansa a accru cette année la fréquence de ses vols, notamment vers Freetown (Sierra Leone), Conakry (Guinée) et Cotonou (Bénin). Elle a également mis en place un vol quotidien vers Dakar, au Sénégal, contre quatre dessertes hebdomadaires auparavant. À cet effet, un accord a été conclu avec la compagnie nationale, Senegal Airlines, pour améliorer la commercialisation des vols. Cette dernière va ainsi établir des liaisons régionales en parfaite connexion avec les vols directs de Brussels Airlines reliant Dakar à la capitale belge. « L’Afrique est en pleine croissance, poursuit le patron de la compagnie. De plus en plus de gens voyagent pour le business. Si nous n’investissons pas maintenant, les autres vont nous manger. » La guerre est déclarée…

Korongo Airlines, la petite sœur congolaise

En République démocratique du Congo, Brussels Airlines a trouvé en Korongo Airlines un allié. Née en avril 2012, cette compagnie congolaise basée dans la province cuprifère du Katanga offre aux passagers de l’opérateur belge, via Kinshasa, de parfaites correspondances vers l’importante ville industrielle de Lubumbashi. Plus récemment, la compagnie a également établi une liaison entre Lubumbashi et Mbuji-Mayi. Une nouvelle destination qui, là encore, permet des connexions, deux fois par semaine, avec les vols de Brussels Airlines au départ de Kinshasa. Enfin, Korongo relie également plusieurs fois par semaine la ville de Lubumbashi à Johannesburg. La société profite des vols d’affaires générés par cette région minière, mais également du fait que Brussels Airlines milite pour faire valoir la sécurité de ses prestations auprès de l’Union européenne. « Korongo est encore sur liste noire, à l’instar de l’ensemble de l’aviation civile congolaise, souligne-t-on au sein de Brussels Airlines. Néanmoins, c’est un cas à part, puisque leur avion nous appartient et qu’il opère selon les normes occidentales. »

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