Fespaco: les persécutions subies par les albinos au coeur d’un film malien

Un duo de réalisateurs maliens a présenté au deuxième jour du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), une fiction évoquant les crimes dont les albinos sont toujours victimes dans plusieurs pays africains.

Publié le 1 mars 2009 Lecture : 2 minutes.

"C’est un problème dans toutes les sociétés africaines, on les recherche partout pour des membres, des organes génitaux", a expliqué à l’AFP Ladji Diakité, coréalisateur avec Adama Drabo du long métrage "Fantan Fanga" (le pouvoir du pauvre), en compétition officielle pour le grand prix du Fespaco.

"Nous ne dénonçons pas le fait, nous le montrons simplement", a expliqué M. Diakité, soutenant que "le cinéaste présente la société telle qu’elle est".

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L’assassinat d’un jeune albinos, dont la tête disparaît dans un contexte de sacrifices rituels, est au coeur du film. Son ami et une policière se lancent alors dans une enquête.

Un sujet dramatiquement d’actualité en certains points du continent: au Burundi, un garçon albinos a été tué et mutilé le 23 février. Et en Tanzanie, ce sont 45 albinos qui auraient été assassinés depuis novembre 2007.

Les albinos souffrent d’une maladie génétique caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux, des yeux, qui les marginalisent. Et leurs organes, recherchés pour leurs pouvoirs soi-disant magiques, se vendent toujours à prix d’or dans différents pays.

Le réalisateur Adama Drabo est de retour au Fespaco douze ans après y avoir reçu le prix du jury pour "Tafé Fanga", consacré au rôle des femmes dans la vie d’un village malien.

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"Une crise d’hypertension", dit-il, l’a empêché de le mener seul à bien la réalisation de "Fantan Fanga", deuxième chapitre d’une trilogie. "C’est ainsi que mon assistant, Ladji Diakité a pris le relais pour terminer le film", d’un coût total de 502 millions de francs CFA (765. 200 euros), précise-t-il.

En début de soirée, le public devait découvrir "Mah Saah-Sah" du Camerounais Daniel Kamwa, également en compétition pour le grand prix décerné le 7 mars.

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Selon son synopsis, il suit les pas d’un orphelin recueilli par son oncle, qui arrive dans un village et y tombe aussitôt amoureux. Mais une rumeur tenace laisse planer le doute sur l’excision de son aimée et le projet de fiançailles va vite être perturbé.

A Ouagadougou, la première matinée du Fespaco s’était ouverte par la traditionnelle "cérémonie de libation": l’eau contenue dans une calebasse avait été versée sur le sol de la Place des cinéastes.

Les réalisateurs présents – tels le Burkinabè Gaston Kaboré ("Buud Yam") et l’Ivoirien Kramo Lanciné Fadika ("Djeli") – ont rendu hommage au "doyen" sénégalais du cinéma africain, Ousmane Sembène, décédé en 2007. Une statue à son effigie a été dressée sur la place.

Le Fespaco rassemble chaque année impaire une foule de réalisateurs, acteurs, techniciens du cinéma, producteurs, du continent africain et de sa diaspora des Antilles et de l’Amérique.

Au début de cette 21e édition, de nombreux festivaliers se sont plaints d’une mauvaise organisation générale, rendant très difficile l’obtention des des badges d’accréditation et d’accès aux salles.

Si le stade du 4 août n’était pas comble, samedi soir, pour la cérémonie d’ouverture, les spectateurs étaient tout de même 20. 000 à applaudir, en dépit d’une sono défectueuse, la parade des marionnettes géantes au son du grand balafon, le spectacle de danse et de musique et le feu d’artifice.

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