Attaques à Bamako, Claude Pivi, mur de la dette au Sénégal, Simone Gbagbo et Visa Schengen au Maroc : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater
Les zones d’ombres autour de la double attaque jihadiste dans la capitale malienne, l’arrestation de Claude Pivi, le fugitif le plus recherché de Guinée, la bataille très politique autour du nom Gbagbo en Côte d’Ivoire et la lutte contre la fraude au Maroc : voici votre édition du Brief de la semaine.
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Au programme de cette édition :
1 – Double attaque jihadiste à Bamako : ce que l’on sait
2 – Guinée : fin de cavale pour Claude Pivi
3 – Bassirou Diomaye Faye face au mur de la dette
4 – Visa Schengen au Maroc : la fraude aux rendez-vous
5- Simone est-elle encore « Madame Gbagbo » ?
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1 – Mali : les zones d’ombre des attaques de Bamako
Zones d’ombre. Mardi 17 septembre, Bamako a été frappée par deux attaques terroristes menées de manière quasi simultanée. La première a visé l’école de gendarmerie située à Faladié, dans le sud de la capitale malienne. La seconde a visé la base aérienne 101, située à proximité de l’aéroport international Modibo-Keïta, où sont stationnés des éléments de l’armée de l’air et des paramilitaires du groupe Wagner (désormais Africa corps). La double attaque a été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM), filiale locale d’Al-Qaïda dirigée par Iyad Ag Ghaly.
À l’heure où nous écrivions ces lignes, les autorités n’avaient livré aucun bilan, et de nombreuses zones d’ombre persistent, comme le détaille Manon Laplace dans son analyse des circonstances de la double attaque et de la manière dont les autorités ont réagi. De sources concordantes, au moins une soixantaine de personnes ont été tuées lors de la double attaque. Une source sécuritaire a évoqué, sous couvert d’anonymat, 77 morts, et 250 blessés. Des bilans encore provisoires, et non officiels, qui attestent cependant d’ores et déjà que l’attaque a été la plus meurtrière qu’ait connu Bamako.
Vulnérabilité. Pour la junte d’Assimi Goïta, le coup est dur. L’ampleur et les cibles atteintes par les jihadistes vient en effet contredire le narratif déployé depuis plusieurs mois par la junte au pouvoir, qui assure multiplier les victoires contres les groupes armés terroristes. En frappant Bamako au cœur, et sur des sites militaires, les jihadistes ont fait une démonstration de force, et révélé la fragilité de la capitale malienne.
Particulièrement meurtrière, et désastreuse pour l’image que veulent se donner les militaires au pouvoir, l’attaque n’aurait en outre été menée que par un nombre relativement restreint de terroristes : la propagande du JNIM évoque un commando de « dix martyrs », un chiffre qui, s’il est à considérer avec précaution, est à rapprocher des déclarations d’une source policière, qui a affirmé que, dans l’assaut de la gendarmerie, les jihadistes n’étaient pas plus d’une dizaine. Spectaculaire, cette double attaque est aussi une preuve supplémentaire de l’expansion de la menace jihadiste dans l’ensemble du Sahel, comme le montre notre infographie sur le sujet.
2 – Fin de cavale pour Claude Pivi
Fin de cavale. Il était en fuite depuis le 4 novembre 2023. Claude Pivi avait été exfiltré de la prison de Conakry par un commando lourdement armé, qui avait également permis à Moussa Dadis Camara de prendre la fuite. Si ce dernier a été arrêté quelques heures plus tard après une courte cavale, Pivi était parvenu à quitter le pays. Il était, depuis, devenu le fugitif le plus recherché de Guinée. Les autorités avaient promis une prime d’un demi-milliard de francs guinéens (soit environ 55 000 euros) à quiconque permettrait de faciliter l’arrestation de l’ancien patron du Bataillon autonome des troupes aéroportées (Bata), qui fut également ministre de la Sécurité présidentielle sous Moussa Dadis Camara. Il a finalement été arrêté au Liberia, non loin de la frontière avec la Guinée, mardi 17 septembre. Dès le lendemain, il a été extradé vers la Guinée, où il a été réincarcéré.
Massacre du 28-Septembre. Le retour de Claude Pivi à la case prison va permettre de faire un pas de plus dans la quête de justice des proches des victimes du massacre du 28 septembre 2009. Le 31 juillet dernier, il avait en effet été condamné à perpétuité par contumace à l’issue du procès. Les juges l’avaient alors reconnu coupable de crimes contre l’humanité pour sa responsabilité dans le drame. Ce jour-là, un meeting de l’opposition avait tourné au massacre. Au moins 157 personnes avaient été tuées par balles lors de ce triste événement commis par les « bérets rouges », commandés par Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba », aide de camp de Moussa Dadis Camara, qui était alors sous les ordres de Claude Pivi.
3 – Bassirou Diomaye Faye face au mur de la dette
Factures en souffrance. Si les entreprises restent très discrètes sur le sujet, les factures s’accumulent sur le bureau de Cheick Diba, le ministre sénégalais des Finances et du Budget, rapporte Thaïs Brouck, dans l’analyse qu’il dresse de la situation financière de l’État sénégalais.
L’ampleur des dettes – dont le montant exact n’est pas connu – est telle que le FMI s’en est inquiété. Selon les sources interrogées par Jeune Afrique, pour les seules entreprises du BTP, le montant s’élèverait à plus de 300 milliards de FCFA, soit 460 millions d’euros. CSE et sa filiale Soseter, Eiffage Sénégal, CDE, Ecotra… La majeure partie des entreprises intervenant au Sénégal sont concernées. « Cette dette est devenue inquiétante, s’alarme Diaraf Alassane Ndao, secrétaire général du syndicat national des travailleurs du BTP. Cela affecte également tous les sous-traitants qui travaillent avec ces entreprises. »
Entreprises fragilisées. Si les grandes entreprises ont les fonds permettant de faire face, les PME et TPE se trouvent, pour certaines, en très grandes difficultés face à ces paiements qui tardent. « Cette dette plombe considérablement l’activité des entreprises et notamment leur trésorerie. Paradoxalement, pendant ce temps, les entreprises sont obligées de s’acquitter de leurs obligations fiscales et douanières envers l’État. Cette situation menace notre survie », déplore un acteur du secteur, qui a souhaité garder l’anonymat.
Cet endettement auprès des entreprises cache une autre réalité, plus vaste : le poids de la dette totale de l’État sénégalais. « Avec les eurobonds successifs contractés ces dernières années, le Sénégal est massivement endetté et doit rembourser un total de 18 milliards de dollars d’ici à 2029 », détaille l’économiste Seydina Alioune Ndiaye. Rien que l’an prochain, le Sénégal va devoir rembourser 2 559 milliards de FCFA (3,87 milliards d’euros) à ses différents créanciers. Cela représente le tiers du budget annuel du pays.
4 – Visa Schengen au Maroc : des rendez-vous vidéos pour lutter contre les fraudes
Fraudes organisées. Depuis plusieurs années, la plateforme de TLS contact, le prestataire des services consulaires français au Maroc, est la victime de fraudes systématiques et massives. Les escrocs cliquent à répétition sur la plateforme, pour réserver les créneaux, avant de les revendre ensuite au prix fort – et illégalement – sous couvert de gestion de dossier et d’accélération du processus de prise de rendez-vous.
Parade vidéo. Le 18 septembre, un nouveau dispositif a été mis en place pour contrer ces fraudes : désormais, les personnes souhaitant déposer une demande sur le site France-Visas, devront s’inscrire sur la plateforme TLS Contact, avant de confirmer son identité via un appel vidéo. Il faudra en outre, lors de cet appel, présenter son passeport, avant de pouvoir valider la prise de rendez-vous.
5 -Simone est-elle encore « Madame Gbagbo » ?
Quatre décennies. Depuis leur rencontre en 1973, alors étudiants révolutionnaires, Simone et Laurent Gbagbo ont lié leur destin à celui de leur pays, la Côte d’Ivoire. Mais plus d’un an après son divorce avec l’ancien président ivoirien, Simone Ehivet continue de porter le nom de Gbagbo, ce que le parti de son ex-mari lui conteste. L’affaire dépasse largement le seul cadre intime et familial : à un an de la présidentielle de 2025, « Gbagbo », est aussi bien un nom qu’une marque, qui pèse sur le marché électoral ivoirien.
Patrimoine. Que dit la loi ivoirienne ? Que l’ex-épouse perd automatiquement l’usage du nom de son ex-époux après le divorce, sauf si un accord est trouvé, ou qu’elle saisisse le juge. L’entourage de l’ex-Première dame refuse de confirmer ou d’infirmer qu’une telle procédure a été engagée par cette dernière. Mais Simone entend bien continuer à se faire appeler Gbagbo. « C’est son patrimoine. Si l’on prend sa photo et [qu’on] demande à dix personnes dans la rue “qui est cette femme ?”, la quasi-totalité répondra que c’est Simone Gbagbo. Tout simplement parce que c’est comme ça qu’elle est connue ici », assène l’un de ses proches.
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