Nigeria : Oando dévisse mais reste optimiste

Cité dans une affaire judiciaire, Oando, le premier groupe pétrolier du Nigeria, a vu son cours plonger à la Bourse de Lagos. La direction se dit confiante et compte sur le rachat des actifs de ConocoPhillips pour se renforcer.

Le goupe pétrolier nigérian Oando est coté à la bourse de Johannesburg. © Multiexpt Associates

Le goupe pétrolier nigérian Oando est coté à la bourse de Johannesburg. © Multiexpt Associates

Publié le 10 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Nouveau rebondissement dans l’affaire James Ibori, l’ancien gouverneur de l’État pétrolier du Delta (sud du Nigeria) condamné en avril 2012 à treize ans de prison par la justice britannique pour détournement et blanchiment de fonds d’un montant d’environ 59 millions d’euros. Son nom revient sur le devant de la scène judiciaire avec l’ouverture d’une audience destinée à recenser et saisir ses avoirs. Le 16 septembre, la procureure londonienne Sasha Wass a affirmé que le détenu aurait déclaré en 2004 posséder 30 % du capital d’Oando.

Conséquence immédiate : le cours du premier groupe pétrolier nigérian a chuté de 21 % à la Bourse de Lagos entre le 16 et le 18 septembre. « Cette forte baisse est uniquement due au lancement de l’enquête impliquant James Ibori », estime Pabina Yinkere, directeur de la recherche de Vetiva Capital Management, société panafricaine de services financiers basée à Lagos.

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Sur les liens avec James Ibori : « il ne s’agit que de simples transactions de change »

« Une participation marginale »

Adewale Tinubu, directeur général d’Oando, a réagi le 20 septembre : « Nous sommes transparents. Il n’y a aucune preuve contre nous. » Et pour appuyer ses propos, le patron a publié le registre de ses principaux actionnaires durant la période concernée. Selon cette liste, James Ibori détient une participation marginale : 443 actions sur les 6,8 milliards de titres qui composent le capital.

Quant aux transferts de fonds relevés par la justice britannique entre Ocean & Oil Holding – premier actionnaire d’Oando – et des sociétés contrôlées par James Ibori, il ne s’agirait que de simples transactions de change. Oando nie en outre avoir eu connaissance des liens entretenus par l’ex-gouverneur avec ces entreprises. La procédure judiciaire, toujours en cours, doit durer jusqu’au début d’octobre.

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Pendant ce temps, à la Bourse de Lagos, le titre s’est légèrement repris, repassant au-dessus des 10 nairas (0,05 euro). « Les déclarations de la direction ont permis d’expliquer la situation aux investisseurs. Le cours se stabilisera », affirme Pabina Yinkere. Pour sa part, la société nigériane de services financiers ARM Investment Managers, qui avait revu sa recommandation de « vendre » à « neutre » en août, maintient son opinion sur la valeur. Mais rien n’est sûr car, depuis le mois de mars, le cours d’Oando a été divisé par deux.

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Marchés financiers à la peine

L’affaire James Ibori n’est en effet que la dernière péripétie. Les marchés financiers des pays émergents sont à la peine. Ils subissent une fuite des capitaux étrangers depuis que la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé, en juin, un futur durcissement de sa politique monétaire, ultra-accommodante depuis la crise financière internationale de 2008.

En dépit de cette situation boursière difficile, le groupe mise sur de prochains relais de croissance. Oando a en effet signé en décembre 2012 des protocoles d’accord pour racheter les actifs du géant américain ConocoPhillips au Nigeria pour un montant de 1,8 milliard de dollars (1,36 milliard d’euros). Certes, la transaction n’a pas encore été officiellement conclue et la date butoir a été repoussée de mi-septembre à fin novembre. Mais les dirigeants de la compagnie restent confiants. Et pour cause : « Cette opération permettra d’augmenter la production de 43 000 barils équivalent pétrole par jour [bep/j, unité incluant le pétrole et le gaz], contre 5 000 bep/j actuellement. Les actifs concernés contiennent également des réserves probables de 220 millions de bep et des ressources potentielles de 493 millions de bep », confirme Pabina Yinkere.

La transaction concerne entre autres des participations dans deux permis en mer, 95 % dans OML 131 (qui comprend le champ Chota) et 20 % dans OPL 214 (dont fait partie le champ Uge), ainsi que dans un permis onshore (20 % des OML 60 à 63). S’y ajoutent 20 % de la centrale électrique Kwale-Okpai Independent Power Plant, et 17 % du terminal de gaz naturel liquéfié Brass LNG, situé sur le delta du fleuve Niger, dans le sud du Nigeria.

Stratégie de diversification

Présent sur toute la chaîne de production d’hydrocarbures, Oando entend par ce rachat renforcer sa stratégie de diversification, cruciale pour sa croissance. Ainsi, le groupe pourra réduire sa forte exposition à l’aval (distribution de produits raffinés, trading), qui constitue 80 % de son chiffre d’affaires. D’ailleurs, au premier semestre 2013, il a payé cher cette dépendance : son chiffre d’affaires a chuté de 20 %, à 280,3 milliards de nairas. Le groupe souhaite donc renforcer ses activités en amont (exploration et production d’hydrocarbures) et au milieu de la chaîne de valeur (distribution de gaz). « Cela créera des revenus supplémentaires, car les marges sont plus élevées sur ces métiers », explique Pabina Yinkere. À plus long terme, Oando ambitionne de devenir un acteur privé africain de référence dans la région en ciblant des pays comme l’Angola, le Cameroun ou le Ghana.

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