Le Fespaco, plus grand festival du cinéma africain, fête ses 40 ans samedi
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) fête ses quarante ans à partir de samedi et jusqu’au 8 mars, en se recentrant sur ses acteurs et réalisateurs stars et en valorisant le glamour, comme pour mieux conjurer la crise.
Le contexte de cette 21ème édition est morose: les salles de cinéma ferment les unes après les autres dans les capitales africaines et la crise internationale accentue encore les difficultés de production.
Mais le festival (au budget d’1,5 million d’euros) a pu sélectionner 374 films sur 664 oeuvres présentées, dont 128 seront en compétition pour des prix.
Certains des 19 longs métrages qui concourent pour l’Etalon de Yennenga – le prix le plus important de la manifestation – ont déjà été distingués ailleurs, telle la fresque historique « Teza » de l’Ethiopien Haile Gerima, 62 ans, qui lui a valu en septembre le Prix spécial du jury de la Mostra de Venise.
« Nous avons fait en sorte que les cinéastes soient remis au centre de la manifestation en leur offrant un tapis rouge » pour la première fois, annonce le délégué général du Fespaco, Michel Ouédraogo.
« Comme ailleurs », on y verra « défiler l’ensemble de ces réalisateurs, comédiens et artistes africains qui comptent », « sous le crépitement des flashs des photographes, jusqu’à la salle du cinéma où ils auront un accueil spécial », annonce-t-il.
Un hommage sera rendu au malo-burkinabè Sotigui Kouyaté, 72 ans, qui a récemment obtenu à Berlin l’Ours d’argent du meilleur acteur pour son rôle dans « London river ».
Le festival saluera également la mémoire du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène, « doyen des cinéastes africains et pionnier du Fespaco », décédé en 2007.
Au fil des années, le Fespaco a acquis une envergure internationale, jusqu’à devenir un raout très couru, lieu de toutes les rencontres du cinéma africain et l’un des rare moments où l’on peut voir les productions du continent.
Mais, déjà, certains regrettent le joyeux mélange des premiers temps du festival. Créé en 1969 dans la capitale de la Haute-Volta (nom du Burkina jusqu’en 1984), il déployait alors ses premiers draps blancs dans les quartiers, pour des projections en plein air très populaires.
Tout cela est « fini »: « Il n’y aura plus de projections de films en plein air pendant le Fespaco », a annoncé M. Ouédraogo, jugeant qu’elles constituaient un « désordre ».
« Si nous voulons que les cinéphiles reviennent dans les salles, il faut arrêter avec ces pratiques », a-t-il déclaré.
En contrepartie, le nombre de salles de projection a été revu à la hausse, de 9 à 14.
Autre innovation pratique: les badges distribués aux festivaliers ne donneront plus systématiquement accès aux projections. La plupart devront acheter un ticket pour entrer dans la salle. Les organisateurs estiment que cette mesure libérera davantage de places pour le public burkinabè.
« L’idée c’est que les réalisateurs font des films pour le public et il faut que ce public vienne les voir parce que nous ne faisons pas un festival seulement pour les +badgés+ », insiste M. Ouédraogo.
Le Nigeria, dont l’industrie du film est la troisième au monde derrière les Etats-Unis et l’Inde, est absent cette année de la sélection officielle, après avoir remporté la dernière édition (2007) avec « Ezra » de Newton Aduaka.
En revanche, l’Afrique du Sud dont le réalisateur Zola Maseko avait remporté l’Etalon 2005, présente trois films en compétition, tout comme le Maroc.
En marge du Fespaco, se tiendra la 14e édition du Marché international du cinéma et de la télévision africain (Mica).
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