Forces américaines au Tchad : le général Ekman a-t-il parlé trop vite ?

Lors d’une interview, le général Kenneth Ekman a semblé annoncer le redéploiement de soldats américains à N’Djamena. Une affirmation aussitôt démentie par le gouvernement tchadien.

© Damien Glez

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Publié le 23 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Quelle langue a-t-elle fourché ? Après les récentes déclarations d’un général américain à propos du Tchad et les réactions attribuées au responsable de la diplomatie tchadienne, une certaine confusion règne. À l’origine des crispations diplomatiques se trouve une interview du général de division Kenneth Ekman – chargé de la coordination de l’armée américaine en Afrique de l’Ouest – à La Voix de l’Amérique, le 19 septembre dernier, en réaction au départ des troupes américaines du Niger.

Contrarié par cet évènement nigérien qui compromet, selon lui, une lutte adéquate contre les organisations extrémistes violentes, le haut gradé annonce un « repositionnement autour du Sahel ». Et d’évoquer, à la cantonade, « des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Tchad », qu’il souhaite voir associés à la stratégie des États-Unis dans la région.

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Réaction tchadienne cinglante

Au fil de l’interview, Ekman rappelle le retrait d’« environ 70 membres des forces spéciales américaines » de la base aérienne tchadienne de Kosseï, à la fin du mois d’avril dernier, en lien manifestement conjoncturel avec le scrutin électoral en cours. Il félicite la tenue d’une « élection réussie le 6 mai » et dévoile que les partenaires « donc, après cela, ont commencé à nous demander ce que nous pouvons faire ensemble ». C’était « une décision du président Déby Itno, mais la décision est prise, et nous travaillons maintenant sur les détails de notre retour », précise-t-il.

Le militaire a-t-il devancé l’iguane dans l’eau ou pris ses rêves pour une réalité ? Alors que le Tchad évolue politiquement sur une étroite ligne de crête entre les régimes militarisés néosouverainistes du Sahel et les partenaires historiques des puissances occidentales, les réseaux sociaux ont interprété l’interview de Kenneth Ekman comme l’annonce formelle du redéploiement d’un contingent militaire américain au Tchad, malgré l’absence de précisions sur les effectifs ou sur le calendrier des opérations.

Aux coupures de presse occidentales qui décryptaient et éditorialisaient l’entretien accordé à La Voix de l’Amérique, les journaux africains ont rapidement opposé une réaction du gouvernement tchadien, lequel « a formellement démenti les informations concernant “un prétendu accord” autorisant le retour des troupes américaines sur le territoire tchadien ».

Abderaman Koulamallah, le ministre d’État des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, a ainsi rappelé que le Tchad est « maître de ses décisions en matière de sécurité nationale et de coopération militaire avec ses partenaires internationaux » et que les médias de tous poils devraient se limiter à la publication d’une « information précise et vérifiée ».

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Alors, le général Kenneth Ekman s’est-il trop avancé en invoquant un nouveau déploiement de forces spéciales américaines au Tchad ? N’Djamena a-t-elle changé d’avis sur ce point ? Ou Mahamat Idriss Déby Itno et son gouvernement souhaitent-ils simplement et logiquement garder la primeur des annonces concernant les alliances d’État à État ? Il en va parfois de la bonne diplomatie comme du bon vin : il faut parfois laisser décanter…

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