PME africaines, qui êtes-vous ?

Accès au crédit, démarches administratives, marchés publics : une étude menée auprès de 1 600 petites et moyennes entreprises permet de mieux cerner leur profil et leurs besoins.

80 % des entreprises nord-africaines répondent avoir accès aux prêts bancaires, contre moins d’une PME subsaharienne sur deux. © Glez

80 % des entreprises nord-africaines répondent avoir accès aux prêts bancaires, contre moins d’une PME subsaharienne sur deux. © Glez

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Publié le 10 octobre 2013 Lecture : 4 minutes.

Longtemps ignorées par les pouvoirs publics comme par les banques, qui semblent enfin les découvrir ces dernières années, les PME sont plus que jamais à l’ordre du jour en Afrique. Appartenant au secteur informel pour 60 % à 90 % d’entre elles selon les observateurs, elles restent difficilement repérables, et leurs besoins toujours aussi mal identifiés. Ces petites et moyennes entreprises sont pourtant au coeur du processus de développement des économies africaines, puisqu’elles représenteraient 90 % des sociétés privées, 75 % de l’emploi industriel et qu’elles embaucheraient 70 % de la population rurale. Elles sont donc incontournables sur le marché du travail, même si, selon plusieurs études, leur création de richesse reste limitée, représentant 20 % du PIB continental.

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« Les PME sont aujourd’hui un vrai sujet, au moment où l’émergence d’une classe moyenne doit permettre à la consommation africaine de décoller pour devenir le moteur du développement économique du continent », confirme Stéphane Cormier, délégué général de la Conférence permanente des chambres consulaires africaines et francophones (CPCCAF), depuis son bureau parisien. De son poste d’observation privilégié, « entre secteur privé et pouvoirs publics », selon la formule de son délégué général, la CPCCAF s’est donc saisie du sujet ces dernières années. Après avoir publié en 2010 une charte des PME, l’organisation, présidée par le Congolais Albert Yuma-Mulimbi, vient de récidiver en présentant mi-septembre son « Baromètre de l’accompagnement des PME », premier du genre.

« Dans la foulée de la charte, il nous a semblé nécessaire d’approfondir nos connaissances sur les PME, en étudiant leurs besoins et leur degré de satisfaction concernant l’offre d’appui mise à leur disposition », explique Stéphane Cormier. Le baromètre doit permettre par la suite aux chambres consulaires « de faire leur boulot » et d’influencer les politiques publiques d’accompagnement sur un certain nombre de services comme l’accès à l’information et à la formation, la facilitation des démarches administratives, l’aide à l’entrepreneuriat et à la recherche de financement, ou encore l’accès aux marchés.

Participation

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Diffusé par les organisations consulaires d’une vingtaine de pays d’Afrique francophone, le questionnaire a été rempli et renvoyé par plus de 1 600 petites et moyennes entreprises à travers le continent. Faute de définition unique des PME, la CPCCAF a ciblé les sociétés ayant un chiffre d’affaires annuel inférieur à 200 millions de F CFA (305 000 euros) ou employant moins de 250 salariés, dans l’industrie, le commerce, l’agriculture et les services. Chaque chambre a dû interroger un échantillon minimum d’une centaine d’entreprises, le plus représentatif possible de la diversité des économies locales.

« Plus que des résultats, la vraie surprise vient du taux de participation », estime Stéphane Cormier, qui n’hésite pas à qualifier l’opération de succès. La teneur des réponses est en effet moins étonnante, confirmant au passage une certaine disparité des situations entre l’Afrique du Nord et le reste du continent. C’est le cas en particulier sur la question du financement : 80 % des entreprises nord-africaines répondent avoir accès aux prêts bancaires, contre moins d’une PME subsaharienne sur deux. Point commun aux deux régions, plus la taille et le chiffre d’affaires des sociétés sont importants, plus large est l’accès au crédit.

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Les sociétés sont assez unanimes pour juger instatisfaisantes les politiques publiques de soutien.

Guichets uniques

Concernant les autres thèmes, les avis sont plus unanimes, qu’il s’agisse des politiques de soutien mises en place par les gouvernements, jugées insatisfaisantes par 90 % des entreprises en Afrique subsaharienne et 70 % en Afrique du Nord, ou de l’accès aux marchés publics, « pas assez ouverts aux PME » pour plus de la moitié des répondants. Autres handicaps pointés : l’absence de fichiers nationaux d’entreprises ou la difficulté persistante des démarches administratives, malgré la mise en place de guichets uniques particulièrement appréciés en Afrique de l’Ouest.

« Les résultats confirment que les chambres consulaires ont un rôle très important à jouer en matière de relais d’information, de communication et de formation », observe Stéphane Cormier. Plutôt satisfaite de son coup d’essai, la CPCCAF a déjà prévu de prendre la température des PME africaines chaque année et de profiter de l’expérience acquise pour améliorer son questionnaire, « en posant par exemple des questions ouvertes qui permettront aux entreprises de répondre avec plus de précision », reprend le délégué général.

À peine collectés, les résultats ont été rapidement envoyés à toutes les chambres consulaires participantes pour qu’elles en prennent connaissance et les diffusent auprès des PME de leur zone, avant d’aller en débattre lors de la 39e assemblée générale de la CPCCAF, qui se déroulera le 1er novembre à Tunis.

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