Edoh Kossi Amenounve : « La BRVM a tiré les leçons du passé »
La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) accueille la 17e conférence annuelle de l’Association des Bourses africaines (Asea), du 1er au 4 décembre 2013. Son directeur général Edoh Kossi Amenounve a répondu aux questions de « Jeune Afrique ».
De passage à Paris le 27 septembre, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières (BRVM) Edoh Kossi Amenounve, accompagné de Thierry Tanoh, directeur général du groupe bancaire panafricain Ecobank, est revenu sur l’actualité des places boursières africaines et sur leur rôle dans le financement du continent.
Edoh Kossi Amenounve le concède d’emblée : « Oui, les dix ans de crise en Côte d’Ivoire ont eu un impact important sur l’activité boursière. Il faut savoir que sur les 37 sociétés cotées à la BRVM, 30 sont ivoiriennes! ». Pour autant, le marché boursier de l’UEMOA a repris des couleurs depuis près d’un an. Le directeur de la BRVM note ainsi que, « depuis 2012, on voit les signes de la reprise. L’année dernière, l’indice Brvm a connu une croissance de 20%. Sur les trois premiers trimestres de 2013, il a progressé à nouveau de 25% », porté en particulier par le dynamisme des sociétés ivoiriennes.
« Affaire Gilet », la procédure « amicale » toujours privilégiée
float: left;" />Débarqué en 2012 de la direction de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), le Français Jean-Paul Gillet, a reçu 77 millions de F CFA (117 000 euros) au titre de ses droits acquis.
Mécontent, l’ancien homme fort de la Place d’Abidjan a adressé via son avocat, mi-avril, un courrier à la nouvelle équipe dirigeante réclamant une prime de départ correspondant à deux ans de salaire et une commission sur les bénéfices réalisés par la Bourse durant toute la période de son activité (2002-2012).
Interrogé sur les suites de cette affaires, Edoh Kossi Amenounve se veut rassurant : « La procédure « amicale » est toujours privilégiée. Pour sa part, la BRVM a déjà tiré les leçons de cet épisode. » En effet, un comité a été mis en place, en mai 2013, pour réfléchir sur la gouvernance, les rémunérations et le recrutement au sein de BRVM. Il devrait se réunir avant la fin 2013.
12e rang mondial
C’est donc forte de ce renouveau que la BRVM s’apprête à accueillir la 17e conférence annuelle des Bourses africaines, organisée du 1er au 4 décembre 2013 à Abidjan. Edoh Kossi Amenounve reste résolument optimiste : « Ensemble, les vingt-trois places boursières africaines ont une capitalisation supérieure à 1 300 milliards de dollars. » Ceci les place virtuellement au douzième rang mondial.
Cependant, de grandes disparités existent entre les marchés boursiers africains. La Bourse de Johannesbourg, à elle seule, représente 60% de la capitalisation boursière du continent. La BRVM quant à elle, se contente d’une capitalisation de 5000 milliards de F CFA (environ 10,3 milliards de dollars) et occupe le 6e rang africain.
Intégration des places boursières de la Cedeao
Plusieurs initiatives ont été lancées afin de renforcer les places boursières africaines, rappelle Edoh Kossi Amenounve. Ainsi, un projet d’intégration des bourses d’Abidjan (BRVM), d’Accra et de Lagos est en cours.
La marche vers l’intégration se ferait en trois phases : la mise en place d’un passeport commun aux courtiers opérant sur chacune de ces trois bourses, la reconnaissance mutuelle des visas d’émission à travers les trois bourses et, enfin, la création d’une plateforme unique de cotation pour les entreprises d’une certaine taille ayant besoin de lever des fonds importants sur l’ensemble de ces marchés.
« L’idée est que ce projet soit réalisé à l’horizon 2020, pour coincider éventuellement avec l’avènement de « l’éco », la monnaie unique de la CEDEAO » indique Edoh Kossi Amenounve. Un Conseil de l’intégration des marchés de capitaux ouest-africains a été mis en place en janvier 2013.
Thierry Tanoh, directeur général du groupe bancaire Ecobank, coté sur les trois bourses appelées à s’intégrer, renchérit : « Ce mouvement [vers plus d’intégration des places boursières] n’est pas unique à l’Afrique de l’Ouest. En Afrique orientale, la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya évoluent dans la même direction ». Pour lui, cette évolution reflète l’expansion économique du continent : « La régulation de la Banque centrale nigériane empêche, par exemple, qu’une société bancaire nigériane utilise les fonds levés sur le marché local pour financer ses activités hors du pays. L’intégration des places boursières de la Cedeao serait un moyen de faciliter la croissance des entreprises africaines au delà des frontières nationales ».
Financement des PME/PMI
Edoh Kossi Amenounve est également revenu sur l’accès au financement des PME en Afrique de l’Ouest, mettant en avant les efforts entrepris par la BRVM dans leur direction : « Nous avons créé un compartiment ‘valeurs de croissance’, destiné aux petites structures. »
Le directeur de la BRVM précise néanmoins : « Nous avons tiré les leçons des expériences passées, en matière de financement des PME. Les mécanismes destinés aux PME sur les bourses de Paris ou Londres par exemple, et même en Afrique, au Maroc, au Kenya et en Égypte ont échoué. Le plus important ici est de ne pas se faire d’illusions. Le marché boursier n’est pas la seule source de financement pour les PME. »
La BRVM veut s’inspirer de l’expérience de la Bourse du Ghana et compte créer un fonds d’accompagnement à l’introduction en bourse pour les PME. « Il faut aller au delà des préférences fiscales et des tarifs préférentiels », souligne le directeur général de la BRVM, « on espère que ce mécanisme pourrait intéresser les capital-risqueurs au moment de sortir de leurs investissements. »
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