Le foot, thérapie pour des jeunes traumatisés par la guerre du Sud-Soudan

« Pendant la guerre, il n’était pas possible de jouer au foot comme aujourd’hui. Nous avions trop peur d’être attaqués », lance Moses Bush, un footballeur de 18 ans participant à un tournoi destiné aux garçons traumatisés par le conflit du Sud-Soudan.

Publié le 26 février 2009 Lecture : 2 minutes.

L’image est connue: des enfants africains jouant au ballon rond les pieds nus sur un sol poussiéreux et rocailleux. Mais une génération de jeunes sudistes a passé à côté de ce bonheur pendant deux décennies d’une guerre sanguinaire à l’origine de deux millions de morts, qui s’est terminée en 2005.

"Certains enfants sont extrêmement traumatisés, d’autres peuvent être violents, déprimés ou isolés", explique Cathy Groenendijk, directrice de l’organisation locale "Les enfants confiants hors du conflit (CCC)", qui a organisé ce tournoi réunissant 55 équipes du Sud-Soudan.

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"Plusieurs d’entre eux ont vécu dans des camps de déplacés ou pris part aux combats (. . . ) Avec de l’aide, certains d’entre eux sont capables de mettre la guerre de côté et mener une vie plus positive", dit-elle.

Les organisateurs ont été débordés par l’intérêt pour leur tournoi. Une quarantaine de personnes avaient participé à une première séance d’entraînement, mais le mot s’est rapidement répandu avec pour résultat 700 joueurs inscrits à la compétition qui s’est déroulée à la mi-février.

"Aucun tournoi de football comme celui-ci n’avait été organisé pour nous quand nous étions jeunes. La guerre était la seule chose que nous connaissions", dit Thiop Deng, 20 ans, qui s’entraîne près des lignes de touche en attendant le début de son match.

Comme beaucoup d’autres jeunes, Thiop est né pendant la guerre entre le nord et le sud du Soudan, plus long conflit civil sur le continent africain. Il a vécu dans un camp après la destruction de son village dans les combats.

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Malgré la signature d’un accord de paix en 2005 entre les rebelles et le gouvernement central à Khartoum, la vie demeure difficile pour les jeunes sudistes dont plus de la moitié n’ont pas terminé l’école primaire, un taux inférieur à celui enregistré au Darfour, région de l’ouest du pays en proie à un conflit meurtrier, selon les données de l’ONU.

Quelque 1,7 million des quatre millions de personnes déplacées par le conflit du Sud-Soudan sont retournées vivre dans le sud, une région sous-développée plus grande que la France au coeur du continent africain.

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"Nous travaillons avec des enfants de la rue, plusieurs d’entre eux passent leur journée à renifler de la colle et à ne rien faire. Un tournoi comme celui-ci permet de promouvoir un mode de vie sain", explique Sam Hinton, un des organisateurs de la compétition financée par l’Unicef.

"Le sport est une façon de contacter des gens -un moyen de faire de la prévention contre le Sida ou la violence envers les femmes- et peut pousser des enfants à retourner à l’école", estime Peter Crowley, chef du programme de l’Unicef au Sud-Soudan.

Des milliers d’enfants ou adolescents du Sud-Soudan ont perdu leurs parents pendant ce long conflit. "Plusieurs enfants ont perdu leur famille. C’est un vrai défi de les convaincre qu’il y a des gens qui se préoccupent de leur sort", constate l’entraîneur soudanais Robert Oliver.

"C’est pourquoi une compétition comme celle-ci fait la différence", dit-il. Fort du succès de ce tournoi pour les garçons, les organisateurs planchent actuellement sur une compétition pour filles.

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