Trois anciens chefs rebelles reconnus coupables d’atrocités

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), réuni à Freetown, a reconnu coupables de « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité » trois anciens commandants des rebelles durant le conflit civil qui a tué quelque 120. 000 personnes entre 1991 et 2001.

Publié le 25 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Ce procès est le dernier du TSSL, créé en 2002, à se tenir à Freetown. L’autre procès en cours se tient, pour des raisons de sécurité, aux Pays-Bas: l’ancien président libérien Charles Taylor y est jugé pour son implication dans la guerre civile sierra-léonaise.

Les juges se réuniront ultérieurement pour déterminer les peines à infliger aux trois anciens dirigeants du Front révolutionnaire uni (RUF) reconnus coupables mercredi.

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Leur verdict était très attendu dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où les rebelles du RUF avaient tué, violé, mutilé à volonté et forcé des Sierra-Léonais à travailler dans les zones de production de diamants sous leur contrôle.

Huit ans après la fin de la guerre, le TSSL a établi la culpabilité d’Issa Sesay, 38 ans, et de Morris Kallon, 45 ans, pour 16 des 18 chefs d’accusation pour "crimes de guerre" et "crimes contre l’humanité".

Leur responsabilité est établie notamment pour des assassinats, des viols, des attaques contre des troupes de l’ONU, ainsi que pour l’utilisation d’enfants soldats.

Augustine Gbao, 60 ans, a été reconnu coupable pour 14 chefs d’accusation.

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A l’énoncé du verdict, lu dans la salle d’audience où se pressaient de nombreuses victimes, Sesay a semblé abattu. Kallon n’a manifesté aucune émotion.

Les trois hommes, qui plaidaient "non coupable", comptaient parmi "les plus anciens membres" du mouvement rebelle, selon l’accusation.

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Mercredi, les juges ont conclu qu’ils avaient "contribué de manière significative" à une entreprise criminelle conjointe avec l’ancien président libérien Charles Taylor pour contrôler les zones de production de diamants afin de financer leur guerre.

Selon le président du tribunal, le Canadien Pierre Boutet, les actions du RUF visaient à "créer la peur parmi la population".

Les 75 témoins présentés par l’accusation avaient détaillé des faits atroces. L’un d’eux a notamment relaté comment sa femme avait été violée par huit combattants rebelles qui l’avaient ensuite mise à mort sous ses yeux et ceux de ses enfants.

Un autre témoin a relaté comment des rebelles avaient obligé un jeune garçon à avoir des relations sexuelles avec une femme. Comme il en était incapable, les rebelles "ont commencé à mutiler les parties génitales de ce garçon et le sexe de la femme pour qu’elle n’ait jamais plus aucun partenaire", a-t-il expliqué.

Les rebelles recouraient couramment à l’amputation des mains et des bras ou inscrivait les initiales RUF sur la peau d’une victime en la tailladant.

Le RUF était tristement célèbre pour avoir enrôlé des enfants soldats, recrutés de force et qui se sont montrés particulièrement cruels avec les civils.

Les juges ont confirmé dans leur décision que le RUF avait "formé des enfants aux tactiques militaires" et leur avaient assigné des "fonctions diverses, notamment celles de gardes du corps" de Sesay.

"Le RUF a laissé une longue et douloureuse série de pertes et destructions dont les Sierra-Léonais ne sont toujours pas remis", a estimé Corinne Dufka, au nom de l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch, interrogée par l’AFP.

Les trois prévenus étaient initialement poursuivis au côté du fondateur du RUF, Foday Sankoh, mort en détention préventive en 2003 avant d’être jugé.

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