Sosucam : 10,3 millions de dollars de manque à gagner en deux mois
La filiale camerounaise de Somdiaa (groupe Vilgrain), Sosucam, vient d’enregistrer un manque à gagner de 10,3 millions de dollars ces deux derniers mois. Des importations excessives et la contrebande seraient en cause.
![La demande nationale est estimée à 215 000 tonnes de sucre et les importations autorisées cette année s’élèvent à 203 000 tonnes. © RFI](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/09/27/Canne-a-sucre-Cameroun_Rfi.jpg)
La demande nationale est estimée à 215 000 tonnes de sucre et les importations autorisées cette année s’élèvent à 203 000 tonnes. © RFI
La Société sucrière du Cameroun (Sosucam) traverse une mauvaise passe. Elle accuse sur les derniers deux mois 5 milliards F CFA (10,3 millions de dollars) de manque à gagner, précise une note interne dont Jeune Afrique a pris connaissance. En cause, « des ventes mensuelles inférieures de moitié, 5 000 tonnes contre plus de 10 000 tonnes habituellement, en août et septembre.
En conséquence, la direction pourrait ne redémarrer qu’une seule de ses deux usines, située à Nkoteng (77 000 tonnes de capacité), pour la prochaine campagne sucrière qui doit s’ouvrir le 25 octobre. Les 3500 salariés de l’unité de Mbandjock (43 000 tonnes de capacité) se trouveraient alors au chômage. D’ores et déjà, les investissements programmés pour la saison ont été remis à plus tard. L’augmentation des salaires de 10 % à partir du 1er novembre, arrachée au terme d’une grève de 8 jours au cours de la campagne écoulée, est elle aussi compromise.
Stocks frauduleux
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La filiale camerounaise de Somdiaa (groupe Vilgrain) a en effet connu une saison 2012/2013 agitée, notamment en raison de « difficultés d’adaptation aux changements de pratiques de management », admet Guillaume Ranson, le directeur général adjoint. Cette situation a entraîné la prolongation de la campagne jusqu’à la fin du mois de juin – quand elle devait s’arrêter le 20 mai – et la stagnation de la production à 104 000 tonnes.
La fermeture d’une usine pourrait à nouveau mettre le feu au poudre. « Le problème vient des fraudes importantes en provenance du Nigeria, qui congestionnent le marché du Grand-Nord Cameroun », insiste Guillaume Ranson. La direction générale des douanes estime la quantité de sucre frauduleux à 12 000 tonnes sur les huit premiers mois de l’année. Il faut ajouter à cela « des importations massives de sucre à Douala en provenance du Brésil et d’Asie, autorisées en quantités trop importantes par rapport à la demande, qui alimentent le marché du Grand-Sud et remontent elles aussi pour partie au Grand-Nord », poursuit le directeur général adjoint.
L’Etat responsable
« Au total 203 000 tonnes d’importations ont été autorisées quand la demande nationale non satisfaite par la Sosucam est estimée à 111000 tonnes. Pourquoi l’Etat met-il en difficulté le seul producteur du Cameroun ? « , s’étonne un cadre de l’entreprise. « Je comprends pas ce qui pose problème », a réagi Luc Magloire Atangana, ministre du commerce dans les colonnes du quotidien Cameroon Tibune, indiquant que Sosucam avait elle aussi a obtenu une autorisation pour importer 25 000 tonnes.
Pour limiter la casse, l’entreprise n’entend pas pour autant rester passive. Elle demande sans attendre aux autorités de saisir les stocks frauduleux circulant dans le septentrion, ainsi que d’interdire les entrées illégales dans cette région. Le gouvernement est également invité à annuler les autorisations d’importations non encore exécutées. Mettant la pression sur l’Etat, Sosucam pourrait faire de ces exigences une condition sinequanone au redémarrage des activités de l’unité de Mbandjock.
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