Quand le Burkina Faso accuse le chanteur Tayc de crime de lèse-drapeau

Profanation d’oriflamme ? En concert aux États-Unis, le chanteur français d’origine camerounaise a fait un geste jugé déplacé envers un drapeau du Burkina Faso. Il a présenté ses excuses, sans parvenir à interrompre un buzz qui pourrait compromettre sa prestation programmée au pays des Hommes intègres.

© Damien Glez

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Publié le 24 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.

Pourtant habitué à susciter quelques bad buzz en Afrique de l’Ouest, l’auteur-compositeur-interprète français Tayc n’imaginait certainement pas déchaîner les internautes burkinabè après un concert new-yorkais. Ce 19 septembre, partageant une scène de Brooklyn avec l’autre « love singer » de l’Hexagone, Dadju, le chanteur français de R’n’B a reçu, comme n’importe quel artiste en pleine prestation, toutes sortes d’objets qui vont habituellement du bouquet de fleurs à la peluche.

Une main lui a tendu un drapeau comportant des parties rouges et vertes, ainsi qu’une étoile jaune. Après un geste d’allure négligente du chanteur, le tissu coloré se retrouve sur le sol. Les captations du concert américain fuitent, deviennent virales et les posts poussent sur le réseau X comme des champignons : « Ce geste est très déplacé », « Tayc a posé un acte insultant à l’égard de son public burkinabè », « Le drapeau n’est pas un déchet » ou encore « Le pays des Hommes intègres mérite respect ».

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Tayc prétend aujourd’hui qu’il aurait d’abord supposé qu’il s’agissait de la bannière du Cameroun, pays d’origine de ses parents… Puis Julien Bouadjie Kamgang – de son vrai nom – aurait découvert qu’il s’était trompé, mais n’aurait pas reconnu les couleurs du Burkina Faso. Le chanteur d’origine camerounaise a depuis avoué qu’il avait craint de brandir un drapeau sans réfléchir à la portée de ce geste et de regretter ensuite.

Parfum de récupération politique

Au concert suivant, drapeau du Faso à la main puis aux épaules, Tayc a présenté ses excuses à « tout le peuple burkinabè » et affirme qu’il aime les habitants du pays des Hommes intègres « comme des frères ». Peine perdue ? Des internautes repoussent la contrition, quand bien même Tayc formulerait des regrets en « portant un maillot du Burkina ». Certains politisent déjà l’affaire, évoquant une « lutte pour la souveraineté totale ». Le compte X « Histoires d’Afrique » conclut : « Nous avons pardonné trop souvent »…

Cet épisode est aussi du pain bénit pour les influenceurs de la cause néosouverainiste sahélienne. La fameuse activiste helvético-camerounaise Nathalie Yamb, soutien inconditionnel du capitaine Ibrahim Traoré, a ainsi saisi la balle au bond. Puis, en mode « breaking news », des sites d’informations, s’appuyant sur sa réaction, affirment que « Nathalie Yamb refuse purement et simplement les excuses de Tayc envers le peuple Burkinabè »…

Durant cette controverse, Tayc a omis, sous l’effet de l’adrénaline artistique, que son équipe faisait actuellement la promotion d’un concert ouagalais prévu en décembre. Alors qu’une polémique abidjanaise avait fleuri jusqu’au Faso, en 2022, après un concert du chanteur jugé trop lascif pour le public africain, des activistes considèrent désormais que l’artiste est « persona non grata au Burkina Faso ». Le buzz sera difficile à éteindre.

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En amont de la controverse, on peut se demander ce que cherchait la personne qui a tendu le drapeau, elle qui sait que chaque objet transmis en pleine prestation artistique ne peut qu’être déposé sur le sol, quitte à être recueilli ensuite avec respect. L’artiste n’a que deux mains, dont une occupée à tenir le micro.

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