Crimes de guerre en Sierra Leone: verdict mercredi pour 3 ex-chefs rebelles

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) rend mercredi son verdict dans le procès de trois anciens responsables rebelles poursuivis pour une série de meurtres, viols et mutilations commis durant la guerre civile (1991-2001) qui a tué 120. 000 personnes.

Publié le 25 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) ont terrorisé la population de Sierra Leone durant ce long conflit qui les a opposé au gouvernement.

Ils ont tué, violé, mutilé à volonté dans ce petit pays d’Afrique de l’ouest situé entre la Guinée et le Liberia. Ils ont aussi forcé des Sierra-léonais à travailler dans les domaines diamantifères qu’ils contrôlaient.

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Le verdict est attendu avec impatience par les victimes, telle Isatu Sillah, 25 ans, violée en 2001 par un groupe d’adolescents qui combattaient pour le RUF. « J’attends que justice soit faite », a-t-elle dit à l’AFP.

Les trois anciens dirigeants du RUF Issa Sesay, 38 ans, Morris Kallon, 45 ans, et Augustine Gbao, 60 ans, doivent répondre de 18 chefs d’accusation pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ».

Tout au long du procès, les 75 témoins présentés par l’accusation ont détaillé des faits atroces. L’un d’eux a relaté comment sa femme avait été violée par huit combattants rebelles qui l’avaient ensuite mise à mort, sous ses yeux et ceux de ses enfants.

Un autre témoin a dit avoir vu des rebelles obliger un jeune garçon à avoir des relations sexuelles avec une femme. Comme il en était incapable, les rebelles « ont commencé à mutiler les parties génitales de ce garçon et le sexe de la femme pour qu’elle n’ait jamais plus aucun partenaire », a-t-il expliqué.

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Les rebelles recouraient couramment à l’amputation des mains et des bras ou inscrivait les initiales RUF sur la peau d’une victime en la tailladant.

Le RUF est aussi tristement célèbre pour avoir enrôlé des enfants soldats, recrutés de force et qui se sont montrés particulièrement cruels avec les civils.

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Selon l’accusation, Sesay, Kallon et Gbao, comptaient parmi « les plus anciens membres du RUF » et étaient impliqués dans une entreprise criminelle conjointe avec l’ancien président libérien Charles Taylor pour contrôler les zones de production de diamants afin de financer leur guerre.

Les trois prévenus étaient initialement poursuivis au côté du fondateur du RUF, Foday Sankoh. Mais Sankoh est décédé en détention préventive avant d’être jugé.

Le TSSL dira seulement, mercredi, si les trois hommes sont coupables ou non. Si leur culpabilité est établie, les juges se réuniront ultérieurement pour déterminer les peines à leur infliger. Tous ont plaidé « non coupable ».

Les avocats de Sesay l’ont présenté comme un homme de paix parce qu’il avait signé l’accord ayant mis fin à la guerre. Quant aux défenseurs de Kallon et Gbao, ils ont plaidé qu’il n’y avait aucune preuve de leur implication directe dans des atrocités.

Les organisations de défense des droits de l’homme en Sierra Leone ont souligné l’importance d’un verdict équilibré. « Nous espérons un jugement juste, que le RUF soit traité de façon impartiale » a déclaré Charles Mambu, au nom de la Coalition de la société civile et des droits de l’homme.

Le procès du RUF est le dernier à se tenir à Freetown. L’autre procès en cours du TSSL se tient, pour des raisons de sécurité, aux Pays-Bas: l’ancien président libérien Charles Taylor y est jugé pour son implication dans la guerre civile sierra-léonaise.

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