En RDC, la justice libère les prisonniers malades de Makala
Alors que des centaines de détenus ont déjà été libérés, le gouvernement a annoncé que près de 2 000 prisonniers malades allaient quitter la prison de Makala, où la surpopulation et les conditions de vie restent alarmantes.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 25 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
La surpopulation carcérale devenant intenable dans la prison de Makala, le ministre de la Justice de la RDC vient d’annoncer la libération de plus de 1 700 détenus malades. C’est le lundi 23 septembre dans l’après-midi que les prisonniers concernés ont été scindés en deux groupes : les moins souffrants invités à rentrer chez eux, dans des bus fournis par le ministère de la Justice et une entreprise publique, et les plus atteints à qui des soins médicaux ont été prodigués.
Le membre du gouvernement Constant Mutamba ne peut que reconnaître l’engorgement surréaliste du plus grand établissement pénitentiaire de RDC. Avec 12 000 détenus – selon les statistiques d’Amnesty International –, l’état actuel d’occupation des lieux est de 800 %, puisque la capacité d’accueil originelle est de 1 500 personnes. Il est donc logique que la promiscuité suscite des inquiétudes d’ordre sanitaire. Mais la santé n’est pas le seul enjeu.
Les délits s’ajoutent aux délits
Dans la nuit du 1er au 2 septembre dernier, une tentative d’évasion de la prison de Makala conduisait à la mort d’au moins 129 détenus, certains abattus et d’autres décédés dans une bousculade. L’insuffisance des lits et la mauvaise alimentation conduiraient à une perte de dignité des occupants qui provoque elle-même des comportements incontrôlés.
Depuis le 5 septembre, une soixantaine de détenus de la prison centrale comparaissent dans une procédure de flagrance devant le tribunal militaire de Kinshasa-Ngaliema, pour incendie volontaire mais aussi pour des viols commis sur des détenues, pendant la tentative d’évasion. Les hommes auraient profité de la pagaille pour avoir accès au pavillon de victimes, qui étaient plusieurs dizaines, dont quatre mineures.
Des avocats de la défense dénoncent des « zones d’ombre » dans la gestion de la situation et de la négligence dans l’encadrement psychosocial. Deux soldats et deux policiers sont également sur le banc des accusés. Avant la libération des détenus souffrants, le ministère avait déjà annoncé, courant septembre, celle de 600 prisonniers dont une dizaine de mineurs.
Quelles solutions concrètes ?
La solution à l’encombrement des centres de détention ne saurait être uniquement celle de libérations massives de nature à inquiéter les populations. Le ministre de la Justice affirme qu’il envisage la construction de nouvelles prisons, notamment dans la zone sensible de Kinshasa. Y a-t-il loin de la coupe aux lèvres ? Constant Mutamba n’a pas annoncé de calendrier et chacun sait que de tels projets nécessitent des financements et du temps.
Les arcanes de la justice peuvent suggérer d’autres clefs du problème de surpopulation de Makala. Il est toujours possible d’innover en matière de sanctions extra-carcérales. Il est surtout nécessaire de se pencher sur le rythme des procédures judiciaires. En RDC comme dans beaucoup de pays africains, de très nombreux détenus sont en attente de jugement.
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