Les ambitions de Tony Parker en RDC

L’ancien basketteur international, reconverti en homme d’affaires, fait ses premiers pas à Kinshasa. Et cela arrange bien l’administration Tshisekedi, qui rêve de développer son soft power via le sport.

Tony Parker et Félix Tshisekedi à Kinshasa, en RDC, le 19 septembre 2024. © Présidence RDC

Tony Parker et Félix Tshisekedi à Kinshasa, en RDC, le 19 septembre 2024. © Présidence RDC

Publié le 27 septembre 2024 Lecture : 4 minutes.

Une star s’est posée à Kinshasa. Gloire de la NBA, légende du basketball français, porteur de la flamme olympique à Paris… Tony Parker a passé soixante-douze heures en RDC, fin septembre, afin de présenter ses ambitions pour développer le sport congolais. « On veut bien sûr travailler sur les infrastructures, amener le savoir-faire, venir régulièrement ici avec nos propres coachs, amener notre expertise et puis, après, développer [les joueurs] et les faire devenir pros en France », a déclaré le champion à la presse.

Rencontre avec Tshisekedi

« TP » était accompagné de l’ancien basketteur congolais Yacine Ben Fylla, qui a fait carrière en France avant de se consacrer aux affaires en RDC. Une filière de recrutement pourrait voir le jour entre le club de l’Asvel, géré par Tony Parker, et Ballers Agency, la structure qui regroupe à la fois l’académie de basket et l’agence de marketing sportif de Yacine Ben Fylla. Le recrutement, en 2023, du joueur congolais Paul Mbiya Kabenga par l’équipe Espoirs de l’Asvel est le fruit de ce partenariat. « Il y a un gros vivier [de joueurs] au Congo, plus qu’au Sénégal, mais eux, ils ont les infrastructures », alerte Yacine Ben Fylla.

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Avec Parker, ils proposent aussi de gérer des infrastructures comme la future Arena de Kinshasa pour éviter qu’elle ne devienne « un éléphant blanc », à l’image de ces stades laissés à l’abandon faute d’activité pérenne. Une telle ambition se devait d’être validée au sommet. « Le Congo est un pays très politique. Il fallait d’abord voir la tête, le président », résume Yacine Ben Fylla. Tony Parker a donc présenté sa feuille de route à Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine ainsi qu’au ministre de la Communication, Patrick Muyaya.

« On voulait voir dans quelle mesure Tony Parker peut accompagner le sport congolais avec son carnet d’adresses », explique Didier Budimbu, le ministre des Sports, qui était aux côtés du champion lors de sa visite. La venue d’une telle célébrité doit permettre de rassurer les investisseurs internationaux. « Nous mettons en place une certaine diplomatie sportive », affirme le ministre, qui avait rencontré le basketteur cet été lors des Jeux olympiques de Paris.

C’est aussi dans cette optique de soft power que le gouvernement congolais a approuvé un projet de sponsoring avec le club italien de l’AC Milan pour promouvoir la destination Congo. Une démarche qui fait écho aux campagnes d’influence dans le sport menées par le rival rwandais, dont le slogan « Visit Rwanda » s’affiche sur les maillots des équipes du Paris Saint-Germain, d’Arsenal ou du Bayern Munich.

Ambassadeur du Congo

Kinshasa devrait par ailleurs faire de Tony Parker son ambassadeur avec un passeport en bonne et due forme. Son association avec le gouvernement congolais doit être formalisée dans un contrat de cinq ans renouvelable, qui n’a pas encore été signé et dont le montant n’a pas été dévoilé. Cet honneur rappelle ceux réservés à Jean-Claude Van Damme, désigné ambassadeur jeunesse, faune et investissements en 2022, ainsi qu’au chanteur Gims et à son frère Dadju, nommés ambassadeurs culturels. Sans résultats connus pour le pays.

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« On est un pays d’annonces », concède Yacine Ben Fylla. Il sait que la classe politique peut vouloir profiter d’une célébrité pour briller sans nécessairement s’investir dans le projet mis en avant. Il se souvient avec amertume du coup de com’ d’Ali Bongo Ondimba en 2015, quand celui-ci avait fait venir Lionel Messi pour une visite éclair facturée… 3,5 millions d’euros, selon France Football.

Ambitions africaines

Si Yacine Ben Fylla « prend des pincettes » quant au soutien des autorités, il se porte garant du sérieux de Tony Parker. « J’ai une relation avec Tony depuis plusieurs années, on se parle, il a ses ambitions africaines. On a passé une semaine ensemble à se voir du matin au soir, je pense le connaître un peu mieux. Je pense savoir pourquoi il a réussi à très haut niveau : son attention aux détails, son envie de toujours bien faire les choses, à la limite de la manie », rassure Yacine Ben Fylla.

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De passage à Kinshasa, le bon élève Parker a rendu visite aux équipes de l’antenne locale de l’Agence française de développement (AFD). Une visite de courtoisie rendue possible par Rémy Rioux, le directeur général de l’AFD, qu’il connaît personnellement. Si l’AFD ne s’est pas engagée à soutenir le projet de Tony Parker en RDC, elle a déjà travaillé avec le Français en Angola. L’agence et le basketteur soutiennent un club de basket féminin, Escola Desportiva Formigas do Cazenga.

« Je souhaite développer mon académie en Afrique », déclarait Parker lors du sommet Afrique-France de Montpellier auquel il participait le 8 octobre 2021. La RDC fait figure de prochaine cible, à condition que tous les acteurs s’entendent. Son équipe est repartie les mains vides, avec « un goût d’inachevé », selon Yacine Ben Fylla, qui assure que tout le monde est sur la même ligne.

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 © Montage JA; Vincent Fournier/JA

La RDC à l’assaut du soft power rwandais, par Georges Dougueli

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