Football en Espagne : un supporter raciste aux portes de la prison
Le tribunal de Majorque a condamné un supporter de football à un an de prison avec sursis pour avoir lancé des injures racistes aux footballeurs nigérian Samuel Chukwueze et brésilien Vinícius Júnior. Un symbole fort.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 30 septembre 2024 Lecture : 2 minutes.
Depuis quelques années, dans les stades de football, l’expression du racisme n’a d’égale que l’impuissance à l’endiguer. Dans l’Europe la plus méditerranéenne, en particulier, les affaires se succèdent pour démontrer tout à la fois une volonté politique affichée, l’efficacité relative des campagnes de sensibilisation et le caractère dérisoire de la répression d’individualités à identifier dans des foules. Il aura fallu attendre 2024 pour qu’un tribunal espagnol marque d’une pierre blanche la lutte contre ce fléau.
La justice de l’île de Majorque devait se prononcer sur des injures à caractère raciste lancées à deux footballeurs, en février 2023, lors de deux matchs dans la plus grande île des Baléares : le Brésilien Vinícius Júnior évoluant au poste d’ailier au Real Madrid et le Nigérian Samuel Chukwueze qui joue au même poste à l’AC Milan. Le premier est habitué à être la cible des offenses les plus outrancières. Bien loin des saillies spontanées que l’on peut tenter de faire regretter, un mannequin portant un maillot de Vinícius Júnior avait été retrouvé pendu à un viaduc, le 26 janvier 2023, jour d’un derby entre le Real et l’Atlético Madrid.
Prison ou sensibilisation
Le tribunal de Majorque vient de condamner un supporter à une sanction initiale d’un an de prison pour les insultes racistes de février 2023. Si la peine était accompagnée d’un sursis, le symbole reste fort, d’autant que l’accusé est interdit de stade pour une durée de trois ans pour tous les matchs organisés par la Liga espagnole et la Fédération espagnole de football.
La justice a accepté de suspendre la sentence carcérale, après que le hater à la passion mal placée a présenté des excuses écrites à Vinícius, exprimé des remords et accepté de suivre un programme de sensibilisation à la lutte contre la discrimination. Le virilisme des apprentis hooligans ne résiste guère lorsque les impudents sont extraits de la foule grégaire pour répondre individuellement et publiquement de leurs actes devant la justice.
L’exemple espagnol ?
L’Espagne pourrait faire école, en particulier depuis que Vinícius a décidé de mouiller le maillot, autant sur le terrain judiciaire que sur la pelouse. Des plaintes spécifiques avaient déjà conduit à des condamnations inédites, en juin dernier. Trois supporters de Valence avaient été condamnés à huit mois de prison pour des chants racistes à l’encontre du Brésilien.
Si les autorités politiques, sportives et judiciaires d’Espagne semblent prendre conscience de la nécessité de la tolérance zéro à l’égard du racisme dans les stades, c’est aussi que l’international brésilien prend tout le monde à témoin. Le footballeur a plaidé qu’en l’absence de mesures strictes, il faudrait réévaluer la légitimité de l’Espagne à accueillir la Coupe du monde 2030. Pour les ambitieux, la dignité d’un joueur est une chose, la chance d’abriter une manifestation d’envergure planétaire en est une autre.
À un niveau plus continental, la Fifa annonçait, en mai dernier, qu’un joueur victime de racisme pourrait désormais avertir l’arbitre par un X mimé avec les mains.
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