Mia Farrow se mobilise pour un musée au Darfour

L’actrice américaine Mia Farrow, ambassadrice de bonne volonté pour l’Unicef, revient de trois semaines dans les camps de réfugiés de l’est du Tchad où elle a rassemblé documents et matériel pour un musée au Darfour (Soudan), un projet dont elle est à l’origine.

Publié le 20 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Engagée sur de nombreux fronts humanitaires, l’actrice a expliqué sa démarche lors d’un entretien à l’AFP à N’Djamena, à son retour du camp de Goz-Amir où sont réunis environ 200. 000 réfugiés du Darfour.

"C’est mon 11e voyage au Darfour et dans l’est du Tchad. J’essaie de défendre les gens de la manière que je peux, mais je dois me rendre à l’évidence: je n’ai rien fait. Rien n’a été accompli", assure l’actrice américaine de 64 ans, dont le premier voyage dans la zone remonte à 2004.

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"Alors, j’ai eu l’idée de quelque chose de concret qui serait vraiment pour les gens. (. . . ) Avec les Darfour Archives, mon intention c’est de préserver leur culture et leur traditions malgré le conflit", poursuit l’héroïne de "Hannah et ses soeurs" et "Rosemary’s Baby".

Elle craint que, sans ce musée, une partie de la culture des Darfouris soit perdue. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, tente de poursuivre le président soudanais, Omar el-Béchir, pour crimes de guerre et contre l’humanité au Darfour.

Le conflit au Darfour a fait quelque 300. 000 morts en près de cinq ans et 2,7 millions de déplacés, selon des chiffres de l’ONU que les autorités soudanaises contestent.

"Tant de choses ont été détruites. C’est une tradition orale. (. . . ) C’est dans la mémoire des gens. Au camp de Dajabal, on a cherché la conteuse et on nous a dit: +Elle est morte+", explique Mia Farrow.

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"Nous avons demandé aux plus âgés de nous raconter leurs histoires et les histoires que leur racontaient leurs grands-parents (. . . ). On peut remonter 200 ans comme ça", précise l’actrice, qui s’est mise derrière la caméra pour enregistrer tous ces témoignages.

"Au début, ils ont accueilli le projet avec politesse mais sans enthousiasme, expliquant qu’ils souffraient et qu’ils n’avait pas la tête à danser ou raconter des histoires", affirme Mia Farrow.

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"Pendant le séjour, les gens des différentes tribus nous ont montré leurs rites, leurs danses, leurs manière de survivre, les chansons de récolte, ce qu’ils faisaient en cas de maladie, de mort. Ils nous ont montré leurs instruments, outils, lances, pots, boucliers. . . C’était extraordinaire".

"Parfois, il y avait 2. 000 à 3. 000 personnes qui regardaient avec des enfants perchés dans des arbres. Ils regardaient un patrimoine qu’ils n’avaient plus vu depuis 5 ans" et le début du conflit, ajoute Mia Farrow.

"Ils ont mis de côté certaines fêtes parce qu’ils sont réfugiés, parce qu’ils pleurent les morts, leur pays, leurs amis, leur familles. Tout le monde a vécu d’horribles douleurs", souligne-t-elle.

Un conseil scientifique avec des experts reconnus va désormais étudier les documents rassemblés pour aiguiller les recherches. Mia Farrow estime qu’au moins deux nouveaux séjours lui seront nécessaires afin de rassembler le matériel suffisant pour le musée, qu’elle espère voir s’installer dans celui déjà existant à Al-Fasher, au Darfour.

"Les jeunes qui ont été élevés dans les camps au milieu de la violence pourraient alors s’y rendre et comprendre leur patrimoine", estime Mia Farrow, qui conclut: "Un monsieur nous avait présenté aux personnes âgées en soulignant qu’elles ne seraient pas contentes en raison des souffrances. Une heure plus tard, il nous a dit: +Merci de nous avoir rappelé de nous souvenir+".

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