Un mandat contre Béchir pourrait compliquer le travail de l’ONU

Déjà délicates, la mission des Casques bleus et la plus importante opération humanitaire du monde, au Darfour, pourraient se compliquer en cas de mandat d’arrêt international contre le président soudanais, Omar el-Béchir, estiment des responsables.

Publié le 19 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le mot d’ordre des Casques bleus, de l’ONU et des ONG au Soudan est "business as usual" (on fait comme d’habitude) si le président Béchir est inculpé de crimes de guerre et contre l’humanité, voire de génocide, par la Cour pénale internationale (CPI).

Mais cela pourrait changer.

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Coup d’Etat, nouveaux raids des rebelles, réactions violentes de la population contre les étrangers: les scénarios se multiplient dans l’attente de la décision des juges.

"On ne doit pas sous-estimer (la possibilité) d’un débordement quelconque", explique à l’AFP Noureddine Mezni, porte-parole de la mission de paix ONU-Union africaine au Darfour (Minuad).

Censée devenir la plus importante mission de paix au monde, la Minuad compte actuellement 15. 209 soldats et policiers et prévoit d’atteindre en novembre les 26. 000 hommes prévus.

La Minuad a pour mandat – flou – de maintenir une paix inexistante, un seul de la myriade de groupes rebelles du Darfour ayant signé un accord de paix avec Khartoum, en 2006.

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La mission pourrait se trouver prise entre les feux nourris des forces soudanaises et des rebelles si les combats s’intensifiaient au Darfour après l’émission d’un mandat contre le président Béchir. Elle devrait en outre à la fois protéger les civils et son propre personnel.

Or la Minuad est en "phase quatre" de sécurité, ce qui la contraint à se préparer au cinquième et dernier échelon de la grille onusienne, l’évacuation, et limite déjà l’étendue de ses tâches.

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"La phase 4 nous place dans une contradiction. On nous demande de respecter notre mandat, soit augmenter le déploiement des Casques bleus, mais en même temps nous devons limiter notre personnel pour des raisons de sécurité", explique un responsable de la mission sous le couvert de l’anonymat.

Les ONG et les agences humanitaires au Darfour, où près de 4,2 millions de personnes affectées par le conflit dépendent de l’aide humanitaire, sont préoccupées par la situation difficile sur le terrain, en raison du banditisme endémique et de l’intimidation des hommes armés.

En 2008, au moins 11 travailleurs humanitaires sont morts au Darfour, une région de l’ouest du Soudan où 2,7 millions de personnes ont été déplacées par la guerre civile depuis 2003, selon l’ONU.

Le personnel travaillant dans les camps de déplacés pourrait aussi être évacué si la situation se détériorait.

Autre crainte, l’accès et le transport, régis par le gouvernement. Les autorités pourraient retarder les autorisations, ralentissant les opérations, estime un responsable de l’ONU ayant requis l’anonymat.

"Tant qu’elles (les organisations internationales) respectent leur mandat, leur présence est la bienvenue au Soudan mais toute déviation déclenchera une réaction du gouvernement", a résumé le sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères Mutrif Siddiq.

Avec la Minuad, la "famille ONU" compte approximativement 32. 000 employés au Soudan, dont 9. 800 Casques bleus de l’Unmis, responsable de surveiller l’accord de paix nord-sud.

L’Unmis pourrait être "sous pression" en cas de mandat contre le président Béchir, alors que la situation économique et politique au Sud-Soudan est déjà tendue, a souligné un responsable de la mission.

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