L’opposant Ayman Nour libéré après plus de trois ans de prison

L’avocat Ayman Nour, figure de proue de l’opposition laïque en Egypte, a été libéré par décision du procureur général pour « raisons de santé », après plus de trois ans derrière les barreaux.

Publié le 18 février 2009 Lecture : 2 minutes.

"J’ai été libéré aujourd’hui sans aucun accord ni condition", a déclaré M. Nour à des journalistes chez lui au Caire peu après sa libération.

"Nous allons continuer notre travail et nos efforts", a-t-il dit faisant référence à son parti El-Ghad. Entouré de partisans venus célébrer sa libération, il paraissait en bonne santé mais fatigué.

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Son épouse, Gamila, qui s’est battue sans relâche pour son élargissement, a dit n’avoir appris la décision de libérer son mari que deux heures auparavant.

"Je veux remercier Dieu car Dieu a inspiré quelqu’un ce matin pour le libérer et j’espère que Dieu l’inspirera pour relâcher des milliers d’autres prisonniers politiques", a déclaré Gamila, soulagée.

Les Etats-Unis se sont félicités de cette libération qu’ils demandaient depuis plus de trois ans.

"Nous saluons cette décision", a déclaré à l’AFP un porte-parole du département d’Etat, Gordon Duguid. "C’est une chose que les Etats-Unis demandaient depuis un moment".

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Ayman Nour, 44 ans, qui souffre de diabète, avait été condamné à cinq ans de prison en 2005 pour avoir falsifié des documents nécessaires à l’agrément de son parti Al-Ghad (libéral), ce qu’il a toujours nié.

Il avait formé son parti politique en octobre 2004 en vue de participer à la présidentielle l’année suivante.

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Après une ascension fulgurante, il était devenu le principal adversaire au président Hosni Moubarak, arrivant loin derrière lui lors de la première présidentielle pluraliste, en septembre 2005.

Infatigable, charismatique, il avait sillonné l’Egypte à l’occasion de la présidentielle, lançant des critiques au vitriol contre le président égyptien sa famille et son régime, dénonçant "vingt quatre ans d’oppression, de crise économique et de chômage".

En août, M. Nour avait appelé depuis sa prison Barack Obama, alors candidat démocrate à la Maison-Blanche, à soutenir les droits de l’Homme, notamment dans le monde arabe, dans une lettre publiée par le quotidien indépendant Al-Masri al-Yom.

Dans un entretien avec l’AFP depuis la prison, M. Nour avait indiqué l’an dernier qu’il avait non seulement été victime "d’assasinat politique" mais qu’il avait été soumis à "une destruction physique", affirmant que le régime voulait sa mort en prison.

En mai, il avait été interdit de publier des articles dans la presse depuis la prison. On lui avait déjà interdit de recevoir et d’envoyer des lettres, une mesure qui selon son épouse montrait une "détermination à le priver de tous ses droits de prisonnier".

Washington avait dénoncé sa détention comme une grave "erreur judiciaire" et l’ancienne secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice s’était prononcée en faveur de sa libération.

La libération de M. Nour est survenue moins d’une semaine après une visite à Washington du chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit.

Dans un éditorial, le Washington Post, demandait lundi que le nouveau président américain exige de M. Moubarak notamment la libération d’Ayman Nour et la levée des charges qui pèsent sur l’universitaire égypto américain Saad Eddine Ibrahim avant de songer à une visite officielle du chef de l’Etat égyptien à Washington.

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