Angolagate: une défense de Marchiani en forme de panégyrique

La défense de Jean-Charles Marchiani au procès de l’Angolagate a tourné au panégyrique d’un « homme de missions au service de la France », libérateur de pilotes en Bosnie et émissaire de la paix en Angola.

Publié le 18 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Bras croisés, les yeux levés vers le plafond pour échapper aux louanges déversés par son avocat Me Jacques Trémolet de Villers, l’ancien préfet du Var, sorti de prison lundi, comparaissait libre pour la première fois depuis le début de ce procès fleuve le 6 octobre 2008.

Pour complicité de trafic d’influence et recels d’abus de biens sociaux, le procureur a requis contre lui trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, assortis d’une amende de 200. 000 euros.

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Mais Me Trémolet de Villers a demandé la relaxe pour son client de 65 ans, "vu les services qu’il a rendus, vu la souffrance injuste qu’il a subie".

Sur les bancs du public, d’anciens otages du Liban sont là pour soutenir celui dont les opérations secrètes ont permis leur libération en 1988.

La justice lui reproche d’abord d’avoir accroché au veston d’Arcadi Gaydamak, "trafiquant d’armes" avide de respectabilité, une médaille du Mérite contre laquelle l’homme d’affaires russe aurait versé 1,5 million de FF (228. 700 euros) à l’association France-Afrique Orient (FAO), qui finançait indirectement les activités politiques de Charles Pasqua et de son bras droit, Jean-Charles Marchiani.

Pas du tout, affirme l’avocat, "M. Marchiani était chargé par le président de la République d’une mission de récupération en Bosnie de deux pilotes français" capturés par les Serbes en 1995.

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Et de dénoncer "les sornettes" d’Alain Juppé et François Léotard qui ont affirmé aux enquêteurs qu’ils ignoraient tout d’une telle mission.

"M. Marchiani ne travaillait pas dans les services (secrets) mais à la place des services", a expliqué l’avocat selon qui son client a "mobilisé" Gaydamak pour utiliser son influence auprès des Serbes.

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Une fois l’opération réussie, "il s’est dit: +qu’est-ce qu’on peut faire pour le remercier?+, et on lui a dit qu’il aimerait bien une médaille", résume-t-il.

Et l’argent versé quasi-simultanément à la FAO ? C’est Pierre Falcone, associé de Gaydamak, qui l’a versé. "Il s’occupait de l’Angola et il a vu qu’à la FAO, il y avait des gens sérieux sur l’Afrique".

Les soupçons de recel seraient, eux, liés à la "mission" de M. Marchiani en Angola où "il travaillait au rétablissement de la paix" sous l’égide de l’ONU.

Via des sociétés écran, Jean-Charles Marchiani aurait touché 2,75 MF. "Mais à peu près la même somme a aussitôt été reversée à Jonas Savimbi", leader de l’Unita, assure l’avocat. L’argent, dit-il, devait servir à organiser le retrait de ce mouvement d’opposition au président José Eduardo dos Santos, mettant ainsi fin à la guerre civile.

Et qui a versé l’argent ? Pas Brenco, la société de Pierre Falcone, affirme-t-il, mais les Angolais, qui auraient utilisé ce moyen détourné pour que personne ne sache qu’ils finançaient l’Unita.

Restent les 300. 000 dollars que M. Marchiani aurait touchés en cash auprès de Brenco. Un mémo de la société, où apparaît son surnom "Robert" et la somme, en ferait preuve.

"M. Falcone l’a dit : Robert, c’était une appellation générique pour les services secrets", lance l’avocat, relevant que "si une famille a vu ses comptes épluchés, c’est bien les Marchiani".

C’est assez pour qu’il demande au tribunal de "rétablir l’honneur de cet homme décrit comme un imposteur, ce serviteur de l’Etat".

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