Terrorisme: Al-Qaïda signe son premier raid

Avec les enlèvements revendiqués de deux diplomates canadiens et de quatre touristes européens au Niger, Al-Qaïda a frappé pour la première fois cet Etat pauvre déjà fragilisé par deux années de rébellion armée touareg dans sa partie nord, proche de l’Algérie et du Mali.

Publié le 18 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans un enregistrement sonore diffusé mercredi par la chaîne satellitaire Al-Jazira, la branche nord-africaine d’Al-Qaïda a revendiqué l’enlèvement de Robert Fowler, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Niger et de son collègue Louis Guay, disparus avec leur chauffeur nigérien à la mi-décembre, à une quarantaine de km à l’ouest de Niamey.

Leur voiture avait été retrouvée moteur tournant et portières ouvertes.

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Mi-janvier, le président nigérien Mamadou Tandja avait évoqué la piste touareg, mais les deux principaux mouvements armés touareg avaient immédiatement nié toute responsabilité dans la disparition des deux diplomates.

Les deux Canadiens ont disparu dans la région de Tillabéri, une zone épargnée par l’insécurité et située très loin du théâtre des opérations des rebelles touareg.

Les quatre touristes européens ont eux été enlevés le 22 janvier dans la zone frontalière Mali-Niger.

"Nous sommes heureux de transmettre à la nation islamique la bonne nouvelle du succès des moujahidine dans la réalisation de deux opérations de qualité au Niger", déclare sur la bande son le porte-parole d’Al-Qaïda au Maghreb, Salah Abou Mohammed.

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Les autorités nigériennes n’étaient pas disposées mercredi à commenter cette information.

Pour Nouhou Arzika, un représentant de la société civile, la rébellion touareg pourrait avoir joué un rôle dans ces enlèvements, cherchant à ternir l’image du pays.

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"Notre conviction est que ces enlèvements visent à créer les conditions à même de désigner le Niger comme un pays dont doivent se méfier les étrangers", a déclaré à l’AFP M. Arzika, à l’origine de nombreuses manifestations contre la rébellion.

Il n’a pas exclu "une connexion" entre les fronts touareg nigériens et des groupes terroristes internationaux dont Al-Qaïda.

Mamane Abou, directeur du journal indépendant Le Républicain, a une toute autre explication.

"En concentrant 80% de ses forces armées dans le nord pour combattre la rébellion touareg, le Niger a dégarni le reste de son vaste territoire, notamment l’ouest proche des bases d’Al-Qaïda", analyse-t-il.

Le Niger "paie donc très cher ce choix idiot qui ouvre son territoire aux groupes terroristes", ajoute-t-il.

"Personne n’est donc en sécurité et Al-Qaïda peut frapper au coeur de la capitale", a commenté un diplomate africain sous couvert d’anonymat.

Pour l’ancien diplomate Issoufou Bachar, qui se présente comme un "islamiste", "le système de sécurité nigérien ne peut rien contre Al-Qaïda pour qui le terrain reste très fertile" au Niger, un Etat laïc majoritairement musulman.

"Al-Qaïda pourra bénéficier de toutes les complicités internes pour exécuter n’importe quelle opération en territoire nigérien", a-t-il poursuivi.

Pour l’heure, le Niger et le Mali, les deux Etats au sud du Sahara les plus touchés par l’épineux problème d’insécurité, tentent de conjuguer leurs efforts.

Début février, le ministre nigérien de l’Intérieur, Abouba Albadé, s’est rendu au Mali pour évoquer cetet question.

Des patrouilles mixtes de surveillance sont déjà opérationnelles sur les frontières des deux pays, qui ont convenu d’engager des incursions sur leurs territoires lors des poursuites des bandes armées.

Un sommet sur la sécurité et la paix dans la bande sahélo-saharienne, prévu jeudi à Bamako avec les dirigeants du Mali, du Burkina Faso, du Niger, d’Algérie, de Libye et du Tchad, a été reporté mercredi en raion de problèmes "de calendrier".

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