Crise en Outre-Mer: les partis politiques, de la discrétion à la polémique

Face au conflit social antillais, d’une longueur et d’une vigueur exceptionnelles, les partis de métropole, prudents au démarrage, polémiquent désormais.

Publié le 18 février 2009 Lecture : 2 minutes.

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Colère en Outre-Mer

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Le PCF et les partis d’extrême-gauche organisent des manifestations de soutien et appellent à l’importation du mouvement en métropole. Lutte ouvrière a espéré un "printemps des luttes" et "une grève générale". Le leader du NPA Olivier Besancenot se rendra lui-même vendredi en Guadeloupe et en Martinique et appelle à "prendre exemple" sur les Antillais.

Le patron des députés UMP Jean-François Copé et le secrétaire général UMP, Xavier Bertrand, ont pour leur part accusé mardi Olivier Besancenot de vouloir "multiplier partout l’agitation, si possible violente".

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Après des réactions initiales relativement discrètes, le PS a de son côté dépêché deux délégations parlementaires aux Antilles et à La Réunion.

"Le message de Martine Aubry était gravité et responsabilité. On fait comme si on était nous-mêmes aux commandes", indique-on dans l’entourage de la première secrétaire qui recevra mercredi, avant Nicolas Sarkozy jeudi, des parlementaires et élus des Dom.

Chef de la mission aux Antilles, le député Christian Paul a témoigné mardi d’"une situation sociale extrêmement dégradée" et appelé à une "négociation" pour trouver "des réponses spécifiques".

L’intiative du PS a suscité l’ire de l’UMP. Son porte-parole adjoint Dominique Paillé a jugé l’envoi de délégations "tout à fait malvenu", accusant les socialistes de vouloir "jeter de l’huile sur le feu à des fins politiciennes".

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Tout en appelant au "dialogue social", M. Paillé estime, "même si (il n’a) pas de preuve irréfutable, qu’il y a des indépendantistes qui ont une présence forte dans ce mouvement et qui souhaiteraient certainement en faire une agitation politique".

La gauche décèle là une manoeuvre : "Je sens du côté du gouvernement la tentation de dire +c’est un conflit instrumenté par les nationalistes+ mais il faut s’insurger contre cette diabolisation" , affirme Christian Paul, pour qui ce "mouvement est social" mais exprime aussi "une exigence de dignité".

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L’ancien numéro un du PS François Hollande dénonce ces "remugles de conflit colonial, ces déclarations à l?emporte pièce, cette extrémisation des positions".

"L’UMP cherche toutes sortes de diversions pour essayer de diviser le mouvement", s’insurge aussi Pierre Laurent du PCF qui rappelle qu’il n’y a aucune revendication d’indépendance.

"L’ethnicisation de cette lutte me paraît être une manoeuvre politique", renchérit Jean-Luc Mélenchon du parti de Gauche, accusant l’UMP de "jouer avec le feu".

Alain Krivine leader du NPA relève "un certain type de liens coloniaux indéniables entre les ex-colonies et la métropole (…) même si la revendication d’indépendance n’est pas mise en avant".

Pour François Bayrou, président du MoDem, "il y a quelque chose qui touche au mal-être profond des Antillais (..) au mal jamais vraiment guéri de l’esclavage".

Les grandes centrales syndicales de métropole, tout en exprimant "leur solidarité" n’ont pas appuyé explicitement l’exigence d’une hausse de salaires de 200 euros. "La traduction revendicative" autour du thème de la vie chère "ne s’exprime pas tout à fait de la même manière là-bas et ici", a relevé, circonspect, le leader de la CGT Bernard Thibault.

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