L’année 2008 a été mauvaise, 2009 s’annonce « difficile »
Baisse attendue des transferts des émigrés, dette intérieure étouffante, ralentissement économique: l’année 2008 a été mauvaise pour le Sénégal, avec une chute de la croissance à 2,5%, mais 2009 s’annonce tout autant difficile pour la 2e économie d’Afrique de l’Ouest francophone.
"L’année 2009 va être une année difficile pour le Sénégal, qui commencera à voir les effets de la crise financière internationale", a indiqué le représentant à Dakar du Fonds monétaire international (FMI) Alex Segura, lors d’un entretien avec l’AFP et Radio France Internationale (RFI).
"Nous commençons à voir les premiers signaux de la crise avec la baisse des transferts de travailleurs à l’étranger. La diaspora sénégalaise est très importante et les transferts jouent un rôle crucial pour la réduction de la pauvreté et pour soutenir la consommation des ménages", a-t-il ajouté.
Ces transferts officiels avaient connu une hausse importante ces dernières années, passant de 341 milliards de francs CFA (519 millions d’euros) en 2005 à 566 mds FCFA (862 M EUR) en 2007, avant de se stabiliser, légèrement à la baisse, en 2008 avec 555 mds FCFA (846 M EUR).
Mais pour 2009, ces transferts sont estimés à "seulement" 400 mds FCFA (609 M EUR) par le FMI, en raison de la récession frappant de nombreux pays occidentaux.
Cette brutale contraction des transferts devrait directement affecter le secteur des BTP, qui était ces dernières années un des plus dynamiques de l’économie sénégalaise, la plus importante de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa, 8 pays) après la Côte d’Ivoire.
Historiquement très présente en France, ancienne puissance coloniale, la diaspora du Sénégal, pays pauvre de 12 millions d’habitants, s’est récemment implantée dans d’autres pays européens, notamment l’Italie et l’Espagne, ainsi qu’aux Etats-Unis.
Le Sénégal pourrait également subir une "possible baisse de l’aide publique au développement (APD)", selon M. Segura. Le Sénégal et le Mali sont les principaux bénéficiaires de l’APD de la France en Afrique subsaharienne.
Les dons au Sénégal sont déjà passés de 138 mds FCFA (210 M EUR) en 2007 à 91 mds FCFA (138 M EUR) en 2008.
Dakar devrait également voir ses exportations partir à la baisse: "Lorsque la croissance des pays développés va se ralentir, la demande des exportations des pays en voie de développement peut aussi baisser", selon M. Segura. Les produits de la mer et l’acide phosphorique du Sénégal pourraient être touchés.
Une mauvaise nouvelle pour un pays qui importe deux fois plus qu’il n’exporte, avec un déficit de la balance commerciale dépassant les 1. 000 mds FCFA (1,5 md EUR).
Enfin, les investissements étrangers directs devraient également subir les effets de la crise mondiale. Emanant notamment des pays arabes, ils avaient littéralement explosé, passant de 28 mds FCFA (42 M EUR) en 2005 à un record de 152 mds FCFA (231 M EUR) en 2008.
D’importants projets, très gourmands en financements, sont en cours, notamment la modernisation du port de Dakar, une autoroute pour sortir de la capitale et un nouvel aéroport international.
Quant à la lourde dette intérieure (150 mds FCFA, soit 228 M EUR) début février, qui avait plombé la croissance en 2008, elle devrait progressivement être résorbée grâce à l’aide des bailleurs de fonds et une meilleure maîtrise des dépenses publiques.
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