Le tantale en RDC, c’est 300 000 dollars mensuels pour le M23

Le Conseil de sécurité des Nations unies affirme que le groupe rebelle, actif dans l’est du pays, amasserait chaque mois des sommes colossales grâce au contrôle d’une riche zone minière.

© Damien Glez

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Publié le 2 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

En matière de violations des droits humains dans les Grands Lacs, un énième rapport d’organisation militante ou une nouvelle fiction sur les « minerais du sang » suffisent rarement à faire prendre conscience de la profondeur des tragédies qui se jouent. Mais un seul chiffre peut parfois donner le vertige. C’est le cas de celui révélé récemment par le Conseil de sécurité des Nations unies : 300 000.

300 000 dollars, c’est la somme que les rebelles du M23 génèreraient, chaque mois, grâce à l’exploitation du tantale en RDC. Plus de 15 % de l’approvisionnement mondial de ce métal extrait du coltan proviendrait de la zone minière de Rubaya, dans l’est de la RDC. Le M23, que le Rwanda est accusé de soutenir, s’est emparé en avril dernier de ce gisement inestimable. Le tantale est un composant déterminant dans la fabrication de la plupart des produits électroniques portables. Or les provinces du Kivu abriteraient entre 60 et 80 % des réserves mondiales.

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Capharnaüm sécuritaire

Conscient de sa difficulté à faire reculer le M23, le gouvernement congolais tente de dénoncer plusieurs étages de la filière. Au début de l’année 2024, Kinshasa avait interpellé publiquement Apple en dénonçant sa parfaite connaissance de l’existence de « minerais de sang » dans sa chaîne d’approvisionnement, et même des méthodes de contrebande employées à cet effet. Depuis la pénétration massive des produits électroniques connectés dans le quotidien des humains, Kinshasa réclame un embargo sur l’exportation indue de richesses minières congolaises via le Rwanda.

Si la sensibilisation des consommateurs est un levier, il est illusoire de conduire les opinions mondiales à se passer des produits électroniques autour desquels des vies sont désormais largement organisées.

Les observateurs du capharnaüm sécuritaire congolais insistent sur le fait que tout processus de paix restera fragile, voire voué à l’enlisement, sans des contraintes imposées au financement des conflits par le trafic de minerais du sang. S’adressant récemment au Conseil de sécurité, l’actuelle représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU en RDC, la Guinéenne Bintou Keita, a d’ailleurs affirmé que « si des sanctions internationales ne sont pas imposées à ceux qui profitent de ce commerce criminel, la paix restera insaisissable et les civils continueront à souffrir ». Situation insoluble ? Le mot “tantale” vient justement d’un terme latin qui fait allusion au caractère insoluble de ce métal dans les acides…

Spoliation des ressources minérales

Les spécialistes de la question affirment que plus de 120 groupes armés se battent dans l’est de la RDC, depuis 1996, pour des motifs politiques à la légitimité souvent obscure mais aussi pour la spoliation de terres et de ressources minérales. Les affrontements sont à l’origine de l’une des pires crises humanitaires au monde, tant par son ampleur que par la nature des violations de droits humains.

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Dans une mine artisanale de cobalt, dans la province du Sud-Kivu, en juillet 2023. © Augustin Wamenya / Anadolu via AFP

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