France/Chine en Afrique: « nous ne sommes pas à armes égales »

Les entreprises françaises « ne sont pas à armes égales » en Afrique avec leurs concurrentes chinoises, qui bénéficient de l’appui de l’Etat, affirme le président du Comité Afrique du Medef international, Patrick Lucas.

Publié le 13 février 2009 Lecture : 2 minutes.

« Il y a une concurrence chinoise grandissante et on voit bien que les voyages fréquents du président chinois (Hu Jintao) en Afrique modifient les règles du jeu. Dans le domaine du BTP, c’est un véritable souci », a-t-il déclaré à l’AFP jeudi soir à Dakar.

M. Lucas a conduit cette semaine une délégation du Mouvement des entreprises de France (Medef) International, qui s’est rendu au Mali et au Sénégal, juste avant la visite du président chinois.

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La France, ancienne puissance coloniale de ces deux pays, et la Chine se livrent une vive concurrence, notamment dans le secteur des BTP. Dakar et Bamako sont en outre les principaux bénéficiaires de l’aide publique au développement de la France en Afrique subsaharienne.

« Nous ne craignons pas la concurrence chinoise. Les entreprises françaises, y compris dans le domaine du BTP, gagnent des marchés dans différents pays », a assuré le responsable du Medef, par ailleurs PDG de la société de courtage en assurances Gras Savoye.

« Mais là, on a un vrai problème car nous ne sommes pas à armes égales », assure-t-il.

« L’Etat chinois vient avec le financement, les entreprises et la main d’oeuvre. Il fait un ‘package’ complet avec des conditions qui sont exceptionnelles. C’est clair que les entreprises françaises de BTP ne sont pas dans cette disposition », relève-t-il.

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Présentes depuis plusieurs décennies, notamment dans les pays d’Afrique de l’Ouest, les entreprises françaises de travaux publics font face à une féroce concurrence des sociétés chinoises qui remportent de nombreux appels d’offre avec des prix 30 à 50% inférieurs aux autres entreprises.

Selon les professionnels français, cela s’explique par le très bas coût de la main d’oeuvre chinoise que les entreprises font venir sur les chantiers, mais aussi par les aides gouvernementales dont elles peuvent bénéficier, ce qui fausse les règles de concurrence.

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Pour le responsable du Medef, « il y a un vrai sujet qui dépasse la problématique du secteur privé ». « Le gouvernement français doit absolument aider le secteur privé qui travaille en Afrique, en particulier les secteurs du BTP et du bois qui ont été les premiers touchés », insiste-t-il.

Mais « je ne suis pas convaincu que dans les circonstances actuelles (crise économique mondiale), le gouvernement français puisse proposer un package complet comme celui de la Chine ».

Quoiqu’il en soit, la France, un des principaux partenaires du continent, « ne se retirera pas face à la Chine. On voit bien qu’un certain nombre d’entreprises réussissent parfaitement en Afrique, sont confiants dans leur avenir en Afrique, continuent à y investir, y ont des positions clés ».

En 2007, la Chine a dépassé la France en Afrique, concernant les échanges commerciaux. Et en 2008, le volume du commerce entre Pékin et le continent africain a encore atteint un nouveau record en dépassant les 100 milliards de dollars, soit une hausse de 45%.

Mais le responsable du Medef ne perd pas espoir: « Il y a encore des potentialités absolument exceptionnelles en Afrique ».

Avant de conclure: « après avoir si longtemps soutenu l’Afrique dans des moments difficiles, il serait quand même terrible de constater que nous laissons la place au moment où l’avenir pourrait, précisément, être radieux ».

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