Maroc: pluies abondantes, inondations… et récoltes prometteuses
Jamais, en un demi-siècle, le Maroc n’a été aussi arrosé qu au cours des quatre derniers mois: plus de 50 personnes ont été tuées, des régions sont inondées, les dégâts importants et les barrages pleins, mais, paradoxalement, les récoltes promettent de battre des records.
« Les pluies de cette année sont exceptionnelles et historiques. L’ensemble des régions du pays ont été touchées y compris le sud désertique », déclare à l’AFP le secrétaire d’Etat à l’Eau Abdelkébir Zahoud.
Selon lui, le taux de remplissage des 114 barrages du pays a atteint 80%, du jamais vu depuis 1963.
« Les pluies ont réalimenté les nappes phréatiques, mettant fin au pompage et la fonte des neiges va encore augmenter leur capacité », souligne-t-il. « Avec un stockage de 12,8 milliards de mètres cubes grâce aux barrages, notre autonomie en eau est d’au moins trois ans. «
« Nous continuerons à construire des barrages, ajoute-t-il, car les 114 existants nous assurent une sécurité face à une sécheresse devenue structurelle », le Maroc ayant connu 18 sécheresses graves au cours des trente dernières années.
Abdelkébir Zahoud estime que sécheresse et inondations constituent désormais deux phénomènes extrêmes dus au réchauffement climatique et il appelle les pays développés à « préserver l’environnement ».
Des pluies torrentielles se sont abattues sur plusieurs régions du Maroc depuis le mois de septembre, provoquant la mort d’une cinquantaine de personnes, ainsi que des dégâts matériels importants.
Sur l’ensemble du Maroc, quelque 3. 000 maisons ont été inondées et plus de 300 totalement détruites, selon les autorités.
A titre d’exemple, plus de 100. 000 hectares ont été inondés dans le Gharb, une riche plaine agricole qui s’étend jusqu’à Larache (80 km au nord) et Meknès (120 km à l’est de Rabat), avec une superficie de 380. 000 hectares cultivés.
Plus de 7. 000 personnes sinistrées y ont perdu leurs biens à cause de ces inondations.
« C’est catastrophique. Ma maison en pisé s’est effondrée, les eaux ont détruit mes cultures et l’état ne veut rien rembourser », affirme Ahmed Berrich, un agriculteur local, dont les terres ont été inondées par le déversement des eaux du barrage Al Kansera (120 km à l’est de Rabat).
Le Gharb a reçu depuis octobre une moyenne de 600 millimètres de pluie, le double de ce qui a été enregistré ces trente dernières années pour la même période, selon un responsable régional du ministère de l’Agriculture, Abdelaziz Bousraref.
Ces pluies diluviennes ne font pourtant pas le malheur de tous.
« Les performances de la campagne agricole s’annoncent prometteuses », a ainsi indiqué le Haut Commissariat au plan (HCP, public), qui table sur une récolte de céréales de 70 millions de quintaux.
Les pluies abondantes des derniers mois ont renforcé les « espoirs des fellahs » en des récoltes exceptionnelles au printemps, explique à l’AFP le ministre de l’Agriculture Aziz Akhennouch. « Nous avons de quoi travailler pendant trois à quatre ans pour les périmètres irrigués », soit 1,5 million d’hectares sur les 8 millions cultivés, précise-t-il.
Selon le HCP, les résultats de l’agriculture marocaine en 2009 devraient contribuer à assurer un taux de croissance de l’économie de 6,7% contre 5,8% en 2008. Un coup de pouce du ciel finalement bienvenu face à « un ralentissement de la croissance des activités non agricoles, qui passerait de 5% en 2008 à 3,9% en 2009, suite à la récession » économique mondiale, conclut le HCP.
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