CPI : le Soudan minimise les informations d’un mandat contre Béchir

Le Soudan a refusé de prendre au sérieux les « rumeurs » selon lesquelles la Cour pénale internationale (CPI) se prépare à émettre un mandat d’arrêt contre le président Omar el-Béchir pour son rôle présumé dans les violences au Darfour.

Publié le 13 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le New York Times avait annoncé mercredi soir que les juges de la CPI avaient "décidé d’émettre un mandat d’arrêt contre le président Béchir".

Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait demandé en juillet aux juges d’émettre un mandat d’arrêt contre le président soudanais, pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité au Darfour, vaste région de l’ouest du Soudan en proie à la guerre civile depuis 2003.

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Mais une porte-parole de la CPI, Laurence Blairon, a affirmé à l’AFP "qu’à ce stade, il n’y avait pas de mandat d’arrêt contre Béchir". "Aucune décision n’a encore été prise par les juges", a assuré plus tard la CPI sur son site internet.

"Ces rumeurs visent à compromettre les pourparlers au Qatar, c’est pourquoi nous ne les prenons pas au sérieux", a déclaré à l’AFP le sous-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Soudan, Mutrif Siddiq. "Il est clair que le Soudan n’adhère pas à la CPI. Peu importe ce que décide la CPI, cela ne nous regarde pas", a-t-il souligné, ajoutant que cette cour "était politiquement motivée" pour affaiblir le Soudan.

Les rebelles du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) discutent cette semaine avec les autorités soudanaises au Qatar d’un règlement politique du conflit au Darfour, théâtre d’une guerre qui a fait 300. 000 morts selon l’ONU, 10. 000 selon Khartoum.

"Nous accueillons favorablement (tout) mandat d’arrêt et je conseille au frère Béchir de se rendre volontairement à la CPI", s’il est inculpé, a déclaré à Doha (Qatar) Khalil Ibrahim, chef du JEM, le groupe rebelle le plus militarisé. "Un tel mandat n’affecterait pas les négociations de Doha mais accélérerait la recherche de la paix", a affirmé M. Ibrahim. Khartoum estime au contraire qu’un mandat d’arrêt entraverait le processus de paix. "Si Béchir ne se rend pas, nous allons le capturer et le remettre à la CPI", a insisté le chef du JEM.

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La Chine, la Ligue arabe et l’Union africaine (UA) ont prévenu des conséquences d’un tel mandat.

Jeudi à l’ONU, le Conseil de sécurité a tenu une réunion informelle lors de laquelle des représentants de l’UA et de la Ligue arabe ont de nouveau plaidé pour l’invocation de l’article 16 du Statut de Rome –ayant créé la CPI– qui permet au Conseil de suspendre pour un an toute procédure de la Cour.

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Pour l’UA, Ramdane Lamamra a "plaidé pour une suspension de 12 mois, affirmant que cela ne compromettrait pas la justice", a indiqué l’ambassadeur du Japon, Yukio Takasu, président du Conseil en février. Plusieurs diplomates ont ensuite affirmé que les tenants de cette ligne n’avaient pas les neuf voix nécessaires au Conseil pour l’adoption d’une telle mesure. Selon eux, elle n’est soutenue que par six membres: Chine, Russie, Burkina Faso, Libye, Ouganda et Vietnam.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a appelé mardi M. Béchir à réagir de façon "très responsable" si un mandat d’arrêt de la CPI était émis, déclaration qui a soulevé l’ire de Khartoum. Khartoum a prévenu de la réaction de colère que pourrait avoir la population si Omar el-Béchir devenait le premier chef d’Etat en fonction à être inculpé par la CPI.

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