Zimbabwe: le nouveau Premier ministre s’apprête à former son gouvernement

Le nouveau Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai préparait jeudi l’entrée au gouvernement de ses collaborateurs, qui devront gérer le pays avec leurs ennemis d’hier, les ministres du président Robert Mugabe.

Publié le 11 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le quotidien d’Etat The Herald, voix officielle du régime, illustrait l’humeur ambivalente qui règne au Zimbabwe au lendemain de la prestation de serment de Morgan Tsvangirai comme chef du gouvernement.

Le journal évoquait « la bonne humeur et l’optimisme » suscités par « ce jour mémorable », mais relevait que la reconstruction du pays « ne serait pas servie sur un plateau d’argent ». « Maintenant, le travail commence », soulignait un éditorial.

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Première étape: l’entrée en fonction, vendredi, d’un gouvernement d’union avec des ministres du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai et d’autres de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF) de Robert Mugabe.

« A partir de demain, c’est toute le monde sur le pont », a déclaré à l’AFP Nelson Chamisa, porte-parole du MDC et futur ministre de l’Information. « A partir de demain, il va y avoir une nouvelle bouffée d’oxygène dans le pays. « 

Le président Mugabe, qui aura 85 ans le 21 février et dirige le pays d’une main de fer depuis l’indépendance en 1980, n’a pas encore donné les noms des ministres Zanu-PF.

Du côté du MDC, le secrétaire général du parti, Tendai Biti, hérite du ministère le plus mal au point: aux Finances, il devra s’atteler à reconstruire une économie moribonde, rongée notamment par une hyperinflation record de plusieurs milliards pour cent.

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Le portefeuille de l’Intérieur, qui contrôle la police, fera également l’objet d’une attention particulière. Longtemps synonyme de l’appareil de répression du régime Mugabe, ce poste sera partagé entre deux co-ministres.

A cette tâche délicate, le MDC a nommé Giles Mutseyekwa, un ancien haut responsable de l’armée de l’air, qui avait été accusé en 2006 de complot contre le président Mugabe. Il devra rapidement résoudre le problème du maintien en détention d’une trentaine de militants de son parti.

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Le MDC, qui dispose de la majorité au Parlement depuis les élections générales du 29 mars, a également désigné des vice-ministres, qui travailleront sous la tutelle de ministres Zanu-PF à la Défense, aux Affaires étrangères ou encore à l’Agriculture.

Ce portefeuille est politiquement sensible au Zimbabwe, où une réforme agraire, destinée à corriger les inégalités héritées de la colonisation, a complètement désorganisé le secteur. Aujourd’hui, plus de la moitié de la population dépend d’une aide alimentaire.

La réforme de 2000 avait conduit à l’expulsion, sur fond de violences, de plus de 4. 000 fermiers blancs, dont les terres ont été redistribuées à des proches du régime ou à de petits paysans qui, sans aide, n’ont pas pu maintenir la production.

C’est une victime de ces expulsions, l’ancien planteur de café Roy Benett que le MDC a retenu comme vice-ministre de l’Agriculture. Cet ancien député blanc d’opposition s’était exilé en 2005 après avoir été emprisonné pour s’en être pris à un collègue Zanu-PF au Parlement.

La nouvelle équipe gouvernementale devra surmonter ce passé conflictuel pour avancer « dans les domaines sociaux, de l’éducation ou de la santé », a souligné Isabella Matambanadzo, de l’association de promotion de la démocratie « Open Society Initiative for Southern Africa ».

« Les deux parties doivent mettre en avant leurs meilleurs talents, a-t-elle ajouté. Le défi sera de faire travailler ensemble ces talents. « 

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