Les Zimbabwéens entre joie et prudence après l’intronisation de Tsvangirai

Réunis dans un stade de Harare, des milliers de partisans de Morgan Tsvangirai ont fêté dans la joie l’intronisation de leur leader comme Premier ministre mais, dans les rues de la capitale, l’humeur restait à la prudence.

Publié le 11 février 2009 Lecture : 2 minutes.

"Aujourd’hui est un grand jour, une étape majeure dans l’histoire de notre pays!", se réjouissait un fonctionnaire assis sur la pelouse du stade, où résonnaient les chants de victoire.

Défiant les ordres de son parti, qui souhaitait mercredi mettre l’accent sur la réconciliation avec l’ennemi d’hier, le quadragénaire s’était habillé en rouge intégral, les couleurs du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai.

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"C’est notre grand jour, alors pourquoi devrais-je m’empêcher de porter des vêtements qui reflètent mes opinions ?"

Certains partisans du MDC s’étaient installés dès l’aube dans le stade, où Morgan Tsvangirai a pris la parole en début d’après-midi après avoir prêté serment devant son rival de toujours, le président Robert Mugabe.

Après des mois de paralysie politique, les deux hommes doivent former vendredi un gouvernement d’union qui devra immédiatement s’atteler à reconstruire un pays en ruine.

"Bien que la cérémonie d’aujourd’hui marque une étape importante sur la route de la démocratie, ce n’est encore que le début", a lancé Morgan Tsvangirai, en avertissant ses fidèles que reconstruire l’économie du pays "prendrait du temps".

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Enumérant les défis à relever, il a promis de libérer les prisonniers politiques, de s’attaquer à l’épidémie de choléra -qui a fait plus de 3. 400 morts depuis août-, de rendre "la nourriture disponible et accessible", de redresser les systèmes de santé et d’éducation.

"Je promets que, d’ici la fin du mois, tous les fonctionnaires, chaque soignant, chaque enseignant, chaque soldat, chaque policier, sera payé en devises étrangères", a-t-il ajouté, alors que la foule brûlait des billets sans valeur en scandant "Virez Gono !".

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Le gouverneur de la Banque centrale Gideon Gono est considéré comme l’un des artisan de l’hyperinflation délirante, chiffrée à plusieurs milliards pour cent, qui vide de toute valeur la devise nationale.

La ferveur, palpable dans le stade, n’a toutefois pas percé en dehors de son enceinte.

Ni la télévision, ni la radio nationale, aux mains de l’Etat, n’ont diffusé le discours du nouveau Premier ministre. Dans les rues de Harare, les gens se préoccupaient comme d’habitude de trouver de quoi survivre.

Frank Matimbe, 24 ans, diplômé en marketing, se disait "enthousiasmé" par la perspective d’un changement mais appelait le président Mugabe respecter cet accord" et "à faire des concessions".

Occupé à vendre des cigarettes aux passants, Norman Mutera, 32 ans, s’interrompait un instant pour lancer: "ce nouveau gouvernement doit mettre fin à nos souffrances aussi vite que possible. Une autre semaine serait de trop !"

Pour lui aussi, tout dépendra de l’attitude de Robert Mugabe, qui "doit laisser Tsvangirai réaliser les changements que nous attendons". Et d’ajouter: "Si ce gouvernement d’union ne marche pas, alors il ne restera plus qu’à partir en guerre, parce que nos espoirs seront morts. "

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