Morgan Tsvangirai prête serment de Premier ministre d’un pays en ruine

Le leader de l’opposition au Zimbabwe Morgan Tsvangirai est devenu Premier ministre de son rival de toujours, le président Robert Mugabe, avec lequel il va devoir trouver un moyen de travailler à la reconstruction d’un pays en ruine.

Publié le 11 février 2009 Lecture : 2 minutes.

"Moi, Morgan Richard Tsvangirai jure de servir au mieux le Zimbabwe dans les fonctions de Premier ministre", a déclaré le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) en prêtant serment devant le chef de l’Etat.

Ses deux vice-Premiers ministres, le leader d’une faction dissidente du MDC Arthur Mutambara et la vice-présidente du MDC Thokozani Khupe, ont fait de même dans la foulée.

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Tout au long de la cérémonie, organisée sous une tente blanche dans les jardins de la présidence à Harare, MM. Tsvangirai et Mugabe ont évité de se regarder dans les yeux, se contentant d’une rapide poignée de main.

Cette froideur illustre la défiance existant entre les deux hommes, qui doivent pourtant former vendredi un gouvernement d’union, conformément à un accord de partage du pouvoir signé le 15 septembre.

Le MDC a longtemps hésité à rejoindre ce gouvernement, par peur de se retrouver sous le contrôle de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), le parti du président, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980.

M. Tsvangirai a finalement pris ce risque pour sortir le pays de l’impasse politique née de la défaite du régime aux élections générales de mars 2008, qui avaient déclenché un déferlement de violences ayant fait au moins 180 morts.

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Arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, il avait dû renoncer à la course pour protéger ses partisans, premières victimes des violences, et M. Mugabe, seul en lice, avait logiquement été réélu en juin.

Cette crise politique a précipité l’effondrement de ce qui restait d’une économie autrefois prospère.

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Plus de la moitié des Zimbabwéens sont menacés de famine et le délabrement des infrastructures sanitaires a généré une épidémie de choléra dont 3. 400 personnes sont mortes en cinq mois.

L’hyperinflation défie l’entendement, à plusieurs milliards pour cent, vidant monnaie nationale, salaires et revenus de toute substance. La production est au point mort.

Un des hommes clés du gouvernement, qui doit entrer en fonction vendredi selon un calendrier fixé par l’Afrique australe, est Tendai Biti, le secrétaire général du MDC.

Au ministère des Finances, cet avocat, connu pour ses déclarations enflammées, devra convaincre les donateurs internationaux de délivrer les milliards de dollars d’aide indispensables à la reconstruction.

Mais, il faudra du temps pour regagner la confiance de la communauté internationale, note Daniel Silke, un analyste sud-africain indépendant. "Ce n’est que le début d’une route longue et difficile. "

La délégation de l’Union européenne (UE) à Harare a salué avec une grande prudence la prestation de serment de M. Tsvangirai.

L’UE "se tient prête à soutenir le rétablissement économique et social du Zimbabwe, une fois que le nouveau gouvernement montrera des signes de respect pour les droits de l’Homme, l’Etat de droit et la stabilisation macro-économique", a-t-elle dit.

Plus optimiste, le président sud-africain Kgalema Motlanthe, dont le pays a chapeauté les efforts de médiation chez son voisin, a estimé que les Zimbabwéens étaient "en marche vers la réconciliation nationale, la reconstruction économique et le développement".

Et de réclamer à nouveau la levée des sanctions occidentales visant le président Mugabe – qui aura 85 ans le 21 févier – et ses proches.

Dans la rue à Harare, les gens se préoccupaient comme d’habitude de trouver de quoi survivre.

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