Afrique du Sud: la croissance plonge, l’Etat gonfle ses dépenses sociales

La croissance en Afrique du Sud va plonger en 2009 à 1,2%, son plus bas niveau depuis 10 ans, poussant l’Etat à gonfler ses dépenses sociales de plus de 4 milliards d’euros pour faire face à la crise mondiale, a annoncé mercredi le ministre des Finances.

Publié le 11 février 2009 Lecture : 2 minutes.

« La tempête que nous voyions poindre l’an dernier a éclaté », a déclaré Trevor Manuel en présentant devant le Parlement au Cap un budget 2009 qui rompt avec une tradition d’excédents budgétaires.

Si l’Afrique du Sud a jusqu’à présent été relativement épargnée par la crise mondiale, elle doit se préparer à affronter de plein fouet le « cataclysme économique » qui traverse la planète, a continué M. Manuel.

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Son parti, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir depuis la chute de l’apartheid en 1994, affronte les élections générales du 22 avril affaibli par une récente scission. Aussi le gouvernement n’a-t-il d’autre choix, en dépit du ralentissement économique, que d’intensifier la réponse de l’Etat aux inégalités croissantes dans le pays.

Une élite noire s’est beaucoup enrichie grâce à la croissance soutenue de ces dernières années, mais 43% de la population vit toujours avec moins de deux dollars par jour.

« Nous devons répondre aux changements de conjoncture, tout en continuant de nous concentrer sur la reconstruction et le développement de notre économie (. . . ), la création d’emplois et la sécurité des citoyens », a affirmé M. Manuel.

Les dépenses sociales vont être augmentées de 52,7 milliards de rands (4,2 milliards d’euros, 5 milliards de dollars), entraînant un déficit budgétaire égal à 3,8% du Produit intérieur brut (PIB), le premier depuis 2005.

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« Vingt-cinq milliards de rands sont ajoutés aux budgets des provinces, surtout dans les domaines de l’éducation et de la santé, et 25 autres seront dédiés aux aides sociales et à leur gestion », a précisé le ministre.

Chouchou des milieux d’affaires, M. Manuel a défendu tout au long d’une carrière ministérielle de bientôt 13 années une politique budgétaire stricte, en dépit des appels des syndicats et de l’aile gauche de l’ANC en faveur de dépenses sociales accrues.

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Il est considéré comme l’artisan de l’expansion de la première économie du continent, avec une croissance annuelle supérieure à 5% depuis 2005 qui avait toutefois commencé à fléchir l’année dernière (3,1%).

Sous l’effet de la crise mondiale, les compagnies sud-africaines ont déjà supprimé des dizaines de milliers d’emplois, surtout dans les mines et l’automobile. Lundi, le plus gros producteur mondial de platine, AngloPlatinum, a annoncé le départ de 10. 000 personnes en 2009, soit 13% de ses mineurs et contractuels.

Des restructurations particulièrement douloureuses dans un pays où le taux de chômage est, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), proche de 40%.

Plutôt que d’injecter des fonds dans les entreprises en difficulté, comme le réclame notamment le secteur automobile, l’Etat entend investir massivement dans les infrastructures, avec un investissement de près de 60 milliards d’euros sur trois ans, a ajouté le ministre.

M. Manuel s’est montré optimiste pour l’avenir. L’impact de la Coupe du monde de football, que l’Afrique du Sud accueille en 2010, la réduction de l’inflation (5,8% prévus en 2009 contre un pic de 13,7% en taux annuel en août 2008) et le redressement anticipé du rand devraient permettre de dépasser les 4% de croissance en 2011, selon lui.

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