Morgan Tsvangirai, le rival historique de Mugabe

Battu, arrêté, inculpé de trahison: le Zimbabwéen Morgan Tsvangirai a incarné pendant dix ans l’opposition au président Robert Mugabe, avec lequel il va désormais partager le pouvoir.

Publié le 11 février 2009 Lecture : 2 minutes.

L’ex-syndicaliste  a prêté serment comme Premier ministre devant son rival de toujours, en application d’un accord signé en septembre qui fut difficile à appliquer en raison d’une profonde défiance entre les deux hommes.

A 56 ans, Tsvangirai se voit enfin récompenser de sa victoire aux élections générales du 29 mars. Non seulement son parti avait raflé le contrôle du Parlement, mais lui-même était arrivé largement en tête au premier tour de la présidentielle.

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En juin pourtant, il avait dû jeter l’éponge dans la lutte pour la présidence, cédant devant les violences déchaînées contre ses partisans. Robert Mugabe, seul en lice, avait logiquement été réélu.

Jouant sans relâche la carte internationale, le chef de l’opposition avait finalement réussi dès le mois suivant à obtenir l’ouverture de négociations sous l’égide de l’Afrique australe.

Ce sont ces discussions, âpres et dangereuses, qui le placent désormais devant son plus gand défi: s’imposer face à son rival pour exercer le pouvoir et redresser un Zimbabwe en ruine.

Né le 10 mars 1952, Morgan Tsvangirai est le fils aîné d’un charpentier qui a eu neuf enfants. Ancien ouvrier du textile et contremaître des mines, il a commencé sa carrière d’opposant dans le milieu du travail. D’abord syndicaliste de base, il est devenu en 1988 président du Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU).

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A la fin des années 1990, il lance une série de grèves générales contre le gouvernement. Fort de sa popularité, il fonde le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) fin 1999.

En moins d’un an, ce parti, que le pouvoir accuse d’être à la solde de l’ancienne puissance coloniale britannique, réussit à s’imposer comme la première force d’opposition sérieuse.

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Mais il n’est pas question pour le régime de plier devant la popularité de cet homme, qui contrairement à la majorité de la classe politique n’a pas participé à la lutte pour l’indépendance dans les années 70.

La campagne des législatives de 2000 est entachée par la violence: une trentaine de partisans du MDC sont tués, des centaines d’autres agressés, torturés, violés. Malgré tout, le MDC remporte près de la moitié des sièges du Parlement.

Deux ans plus tard, M. Tsvangirai défie son rival Mugabe à la présidentielle. Juste avant le scrutin, il est accusé de trahison pour "complot contre le chef de l’Etat" mais sera acquitté en 2004.

Ses longues années de combat contre le régime ont été marquées par la répression. Et si certains mettent en doute son sens tactique, rares sont ceux qui nient son courage et ses sacrifices.

Emprisonné à plusieurs reprises, le chef du MDC a également échappé à la mort en 1997 "quand un groupe d’agresseurs inconnus a tenté de le défenestrer depuis son bureau au dixième étage", selon une biographie autorisée.

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