Procès Lubanga: un ancien enfant soldat raconte sa guerre

Un ancien enfant soldat a raconté devant la Cour pénale internationale (CPI) son enrôlement, son entraînement et ses combats avec les troupes de l’ex-chef de milice congolais Thomas Lubanga où, « si quelqu’un tentait de s’enfuir, il était battu ou tué ».

Publié le 10 février 2009 Lecture : 2 minutes.

Le jeune homme, qui s’était rétracté le 28 janvier après avoir commencé à répondre aux questions de l’accusation, a parlé pendant plus d’une heure "avec ses propres termes", comme le lui proposait le président Adrian Fulford.

"Si quelqu’un tentait de s’enfuir, il était battu ou il était tué", a affirmé le garçon, dont l’âge n’a pas été communiqué, avant d’ajouter: "j’en ai été témoin".

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Assis derrière un rideau, il était mardi à l’abri des regards de Thomas Lubanga, à la différence de l’audience précédente. Sa voix était brouillée et son visage flouté sur les images diffusées hors de la salle.

Il a raconté avoir été, avec cinq camarades, emmené de force par des hommes de Lubanga. "Ils nous ont dit : les enfants, nous allons vous prendre pour vous donner une formation pour la sécurité de votre pays".

"Je pense que j’avais environ onze ans", a-t-il dit, en réponse à une question du président qui l’a appelé "Dieumerci" pour protéger son anonymat.

"Dieumerci" est l’un des neuf anciens enfants soldats cités par l’accusation au procès de Thomas Lubanga, le premier de la CPI depuis son entrée en fonction en 2002.

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L’ancien chef de l’UPC comparaît pour l’enrôlement et la conscription d’enfants de moins de quinze ans durant la guerre en Ituri (est de la République démocratique du Congo) en 2002-2003.

Maniement des armes, leçons de tir, "un gobelet de grains de maïs par jour", des chants militaires "pour la joie, la tristesse et la guerre", la maladie. . . "Dieumerci" a détaillé devant les juges l’entraînement dans un "centre de formation" de l’UPC.

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"Ils nous fouettaient, nous frappaient terriblement sur les pieds, les jambes, parce que nous disions que nous étions malades", a-t-il raconté. "On n’avait plus de force car on nous battait terriblement".

"Quelques jours après, on nous a remis des chargeurs, avec trente balles chacun, on nous a dit ++quiconque perd l’arme sera battu à mort++".

Le garçon a appris à tirer. "Si vous ne preniez pas une bonne position vous risquiez votre vie: il y avait des gens qui se droguaient, qui prenaient de la marijuana, leur tête se déplaçait, vous pouviez atteindre quelqu’un très facilement".

Les garçons sont ensuite allés au combat. "Nous enjambions les cadavres, on tirait, ceux qui mouraient, mouraient", a expliqué "Dieu merci".

"A la mission, on a tué ceux qui étaient là, même les prêtres qui disaient la messe", a-t-il affirmé. "Nous avons pris certains d’entre eux en otage, on leur coupait la bouche et nous détruisions leur visage".

"Tous les commandants avaient besoin des enfants comme gardes du corps, ils dormaient dans le camp et nous à l’extérieur, on assurait la sécurité des grands", a-t-il souligné.

Son père a fini par le retrouver et l’a ramené à la maison. "A la radio un jour, j’ai entendu qu’une organisation, Save the children, cherchait des enfants soldats pour leur démobilisation. On nous a pris en photo et on nous a donné un document pour signifier que nous avions été démobilisés".

La CPI est le premier tribunal international permanent chargé de juger les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocides.

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