Des rivaux très méfiants doivent former un gouvernement d’union

Après des mois de crise politique, le Zimbabwe doit se doter cette semaine d’un gouvernement d’union nationale, dont la réussite risque d’être rapidement compromise par le profond manque de confiance entre le président Robert Mugabe et son rival Morgan Tsvangirai.

Publié le 9 février 2009 Lecture : 2 minutes.

En vertu d’un accord de partage du pouvoir signé mi-septembre, M. Tsvangirai, chef de l’opposition, doit prêter serment mercredi comme Premier ministre. M. Mugabe, 84 ans, au pouvoir depuis l’indépendance de l’ex-colonie britannique en 1980, restera chef de l’Etat.

Deux jours plus tard, leur gouvernement de coalition doit entrer en fonction, conformément à un calendrier fixé fin janvier par les dirigeants d’Afrique australe.

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L’opposition a longtemps hésité à rallier ce gouvernement par peur d’être réduite à un rôle subalterne malgré sa victoire aux élections générales du 29 mars. Faute d’alternative, elle a fini par céder aux pressions régionales.

L’enjeu est de sortir le Zimbabwe de l’impasse née de la défaite du régime à ces élections, qui fut suivie d’un déferlement de violences politiques et d’une crispation du pouvoir.

Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai entend aussi agir de l’intérieur pour lutter contre une crise économique et humanitaire sans précédent.

Le président sud-africain Kgalema Motlanthe, dont le pays sert de médiateur dans la crise, s’est dit dimanche "optimiste" au sujet de ce gouvernement, assurant que MM. Mugabe et Tsvangirai semblaient "plutôt bien s’entendre".

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Cet enthousiasme est cependant loin de faire l’unanimité.

"Le niveau de méfiance entre les deux leaders restera immanquablement élevé", prédit ainsi Takura Zhangazha, directeur pour le Zimbabwe de l’Institut des médias d’Afrique australe (Misa).

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"Cela débouchera sur des menaces de retrait et des tentatives pour organiser rapidement de nouvelles élections", prédit-il. En conséquence, le gouvernement "n’obtiendra pas un soutien international dans cette forme et ne pourra pas répondre efficacement aux crises politiques et humanitaires".

Les tensions entre les deux hommes remontent à la création en 1999 du MDC par M. Tsvangirai, qui a vite été l’objet de brimades et intimidations. Mais la répression s’est durcie après les élections de mars 2008.

A cause de ces violences, M. Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, s’est retiré de la course, et M. Mugabe, seul en lice, a logiquement été réélu fin juin.

Face au concert de protestations, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a poussé les parties à négocier, insistant récemment pour l’entrée en fonction du gouvernement d’union.

"Il n’y a toujours pas de confiance, mais Tsvangirai a plié sous la pression de la SADC et celle de négociateurs plus faibles au sein du MDC, qui pensent qu’ils se sont déjà bien battus", estime l’analyste indépendant Martin Tarusenga.

Et d’asséner: "Tsvangirai et le MDC passent maintenant pour les dindons de la farce et la communauté internationale ne soutiendra pas le gouvernement d’union. "

Pourtant, le Zimbabwe a besoin d’aide: l’hyperinflation se chiffre en milliards pour cent, 94% de la population est au chômage et une épidémie de choléra a fait près de 3. 400 morts et 68. 000 malades depuis août.

En cas d’échec de ce gouvernement, la situation pourrait encore empirer, met en garde l’analyste Bornwell Chakaodza.

"Cela indiquerait qu’il ne peut pas y avoir de solution pacifique et négociée", écrit-il dans le journal The Financial Gazette. "L’alternative serait un soulèvement violent, dont on n’ose pas imaginer les conséquences. "

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