Menacé de destitution, le vice-président kényan crie au « complot »

Rigathi Gachagua avait joué un rôle crucial dans la victoire du président William Ruto. Mais leur relation s’est détériorée depuis le mouvement de contestation qui a secoué le pays en juin dernier.

Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, lors d’une conférence de presse à Nairobi, le 7 octobre 2024. © LUIS TATO / AFP

Le vice-président du Kenya, Rigathi Gachagua, lors d’une conférence de presse à Nairobi, le 7 octobre 2024. © LUIS TATO / AFP

Publié le 8 octobre 2024 Lecture : 2 minutes.

Le vice-président kényan nie les accusations de corruption portées contre lui, qu’il a qualifiées de « pure propagande » et de « complot », alors que l’Assemblée nationale s’apprête à se prononcer sur une éventuelle destitution. Rigathi Gachagua est visé par une procédure inédite lancée le 1er octobre, qui marque le point culminant de plusieurs mois de conflit avec le président William Ruto, avec qui il a été élu en août 2022.

Une motion déposée par un député de la coalition présidentielle (Kenya Kwanza) liste onze motifs de destitution, dont ceux d’ « atteinte à l’unité nationale »et d’ « insubordination » envers le président. Sont également mentionnées de nombreuses suspicions de « crimes économiques » (détournements de fonds publics, conflits d’intérêts ou encore abus de pouvoir). Lors d’une conférence de presse organisée dans la soirée du 7 octobre, Rigathi Gachagua a assuré qu’il se présenterait ce mardi devant l’Assemblée nationale pour répondre aux accusations « scandaleuses, qui n’ont aucun fondement, qui sont de la pure propagande, qui sont un complot pour [le] chasser du pouvoir en raison d’autres considérations politiques ».

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Hypothèse d’une démission balayée

La motion qui le vise affirme notamment qu’au cours des deux dernières années, il a accumulé « de manière inexplicable un portefeuille immobilier colossal estimé à 5,2 milliards de shillings [environ 36 millions d’euros], provenant principalement de produits présumés de la corruption et du blanchiment d’argent ». Durant plus de deux heures face à la presse, le vice-président a répondu point par point aux accusations, particulièrement sur l’origine de sa fortune.

Il a également balayé l’hypothèse d’une démission. « Je n’ai aucune intention de démissionner de ce poste. Je me battrai jusqu’au bout », a-t-il assuré, promettant une bataille judiciaire si nécessaire : « Je me soumettrai à des institutions indépendantes et je n’ai aucun doute que j’obtiendrai justice et que cette procédure de destitution sera annulée. »

L’Assemblée nationale se prononcera ce 8 octobre sur sa destitution qui, pour être adoptée, devra être soutenue par les 2/3 des députés (soit 233 voix). La motion sera ensuite débattue et votée au Sénat, où 45 voix seront nécessaires. En cas d’adoption, Gachagua serait le premier vice-président écarté du pouvoir dans le cadre d’une telle procédure, instaurée dans la Constitution de 2010. En 1989, le vice-président Josephat Karanja avait démissionné dans des conditions similaires, avant un vote de défiance l’accusant de saper l’autorité du président Daniel arap Moi.

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Rigathi Gachagua avait été choisi par William Ruto comme colistier pour la présidentielle d’août 2022 malgré sa réputation sulfureuse, marquée notamment par plusieurs accusations de corruption. Doté d’un solide réseau d’influence, notamment dans la région stratégique du Mont Kenya, il a joué un rôle crucial dans la victoire de Ruto face à Raila Odinga.

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Mais leurs relations se sont détériorées notamment depuis un mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué le pays en juin et juillet. Ses détracteurs l’accusent de ne pas avoir soutenu le chef de l’État face aux manifestations qui demandaient sa démission. La répression de ce mouvement a fait plus de 60 morts. Depuis, Gachagua s’estime mis à l’écart par le président, qui a en revanche entamé un rapprochement avec le Mouvement démocratique orange (ODM) de Raila Odinga.

(Avec AFP)

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